Le rapport Gallois, serpent de mer du gouvernement Ayrault, a enfin été remis au Premier Ministre. Attendu avec anxiété par la majorité socialiste, il place le gouvernement dans une position délicate. En effet que ce soit sur les mesures relevant de la compétitivité coût ou hors-coût, ce rapport est aux antipodes des 60 engagements du candidat François Hollande. Si ce rapport permet à certains socialistes d'ouvrir les yeux sur leur politique économique, il sera salvateur. Mais on va être franc : malgré son intérêt politique, le rapport Gallois n'a rien de révolutionnaire économiquement. Et les chefs d'entreprises, ceux qui sont quotidiennement dans la bataille de la mondialisation, doivent surement sourire à la lecture de ce rapport. Comme le rapport Attali et beaucoup d'autres rapports avant lui, il a le désavantage de prendre à l'envers cette antienne qu'on appelle compétitivité.
En effet les mesures du rapport Gallois ressemblent à un énième coup d'épée dans l'eau. Alors certes on ne peut que saluer certaines des mesures sur la compétitivité hors-coût. Nombre de ces propositions faisaient d'ailleurs partie de mon projet présidentiel. En revanche que représentent 30 milliards de transferts de charges quand le coût du travail pour les entreprises françaises est souvent 10 fois supérieur à ses concurrents en Asie ou en Europe de l'Est. Les mesures du rapport Gallois sont en réalité des mesurettes et sur l'échelle Richter du choc de compétitivité on est proche de 0.
Dans cette guerre qu'est la mondialisation, Louis Gallois veut que la France y aille avec la fleur au fusil. Mais en face nos concurrents ne sont pas aussi tendres. Il y a un an quand la Chine a vu sa croissance légèrement s’essouffler, le gouvernement chinois a dévalué sa monnaie de 20% et a renforcé les mesures coercitives vis-à-vis de la concurrence étrangère. Avec des chocs de compétitivité comme ceux proposés par Louis Gallois, nul doute que les dirigeants chinois ou américains doivent se dire qu'ils ont encore de belles années devant eux.
La mondialisation est une guerre. On envoie nos entreprises se faire massacrer quand d'autres pays sont surarmés. Dans cette guerre du pot de fer contre le pot de terre, nous serons toujours perdants. En réalité le rapport Gallois est à la guerre économique ce qu'était la ligne Maginot à la guerre militaire. Et le résultat, c'est le chômage et la désindustrialisation qui s'accélèrent.
Le vrai choc de compétitivité, la vraie révolution serait de réarmer nos entreprises pour affronter la mondialisation.
A Debout la République nous avons depuis longtemps compris que le moyen le plus juste et le plus efficace pour restaurer la compétitivité de nos entreprises était de rétablir une loyauté de l'échange. Comment ? En appliquant un protectionnisme intelligent c'est-à-dire des droits de douane ciblés sur des marchandises qui ne respectent aucune de nos normes environnementales ou sociales. Mais surtout en favorisant à tous les niveaux (baisse de charges, baisse de l'impôt sur les sociétés, subventions, accès prioritaire aux marchés publics…) les entreprises qui créent des emplois en France. Enfin toutes les mesures coût et hors-coût n'auront aucun effet tant que les entreprises françaises seront bridées par une monnaie surévaluée. Pour être compétitif dans la mondialisation il faudra démonter l'euro pour revenir à des monnaies souples et permettre une dévaluation compétitive.
Protectionnisme et dévaluation compétitive sont les armes auxquelles tous les pays vainqueurs dans la mondialisation ont recours. Elles seront au cœur du contre-rapport baptisé "Électrochoc pour la croissance" que nous enverrons à la presse demain, le jour de la présentation des mesures du gouvernement Ayrault pour la croissance et à l'occasion des 6 mois de la Présidence Hollande.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République