Ce qui devait arriver, arriva. L'annonce par PSA ce matin de la suppression de 8000 emplois n'est en rien une surprise. Depuis 1 ans je suis en contact avec les représentants du personnel du site d'Aulnay que j'ai d'ailleurs rencontrés à deux reprises. Tout le monde savait ce qui les attendait. Cette annonce est symptomatique de la catastrophe économique traversée par notre pays. En 10 ans l'industrie française a perdu 1 million d'emplois. C'est une hémorragie sans précédent. A ce rythme-là, nous aurons atteint le point de non-retour dans quelques années.
Je me souviens que pendant la campagne François Hollande avait promis en tête-à-tête aux syndicats qu'il empêcherait la fermeture du site d'Aulnay. Son élection n'a rien changé. PSA n'a pas plus intérêt à produire en France sous la présidence Hollande que sous la présidence de Nicolas Sarkozy. En effet le cadre économique est resté le même. Or ce cadre est intenable pour nos entreprises. L'industrie automobile est en train de prendre la même voie que notre sidérurgie. Dans moins de temps qu'on ne le pense, il n'y aura plus une seule voiture produite en France.
Les déclarations de la ministre Touraine sont ahurissantes ! Elle demande une étude de 15 jours pour comprendre les raisons de ce séisme social. Mais les raisons, tout le monde les connait. Malgré tous les gains de compétitivité possibles, les entreprises françaises ne seront jamais compétitives si elles sont mises en concurrence avec des entreprises où le coût du travail est 10 fois inférieur au nôtre. Et le fait que PSA délocalise de nombreux postes de chercheurs parmi les 8000 suppressions annoncées devrait enfin faire comprendre aux promoteurs de la mondialisation heureuse que la France ne pourra jamais tirer son épingle du jeu dans cette concurrence faussée et déloyale.
Il est grand temps que les dirigeants politiques arrêtent de répéter les erreurs du passé et regardent la situation avec un œil neuf.
Face à cette situation exceptionnelle, la France ne pourra pas survivre sans un sursaut. Si vraiment François Hollande veut conduire le redressement productif, il va falloir qu'il change radicalement de politique. Pour espérer survivre, il va falloir prendre des décisions courageuses sur un protectionnisme intelligent, le démontage de l'euro, le contrôle du système financier ou encore des coopérations industrielles à la carte dans une Europe recentrée autour des pays fondateurs.
Pour créer un électro-choc dans notre classe politique, je demande la création immédiate d'une commission d'enquête à l'Assemblée nationale pour que mes collègues députés comprennent enfin les vraies raisons de ce désastre industriel. Si les députés prennent la peine d'auditionner les salariés de PSA Aulnay mais aussi des patrons de PME, s'ils prennent la peine d'enlever leurs œillères, ils comprendront que la France ne pourra pas s'en sortir sans l'application d'un protectionnisme minimum. Le sursaut, c'est maintenant ! Des solutions sont possibles à condition de changer radicalement de politique économique !
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République