Au moment où François Hollande a réaffirmé devant Barack Obama que la Grèce devait rester dans l'euro, nous venons d'apprendre que Angela Merkel, telle un mauvais génie, aurait soufflé ce soir au président grec l'idée d'organiser un référendum sur la sortie de l'euro.
Le démenti de la Chancellerie ne trompe personne. Avec cette indiscrétion d'une conversation entre dirigeants, Angela Merkel envoie un ballon d'essai et prépare un peu plus les consciences à une sortie rapide de la Grèce de la zone euro.
Si cette cacophonie révèle aussi une mésentente dans le couple franco-allemand, elle illustre surtout que l'Europe est devenu un bateau ivre qui va à contre-sens de l'Histoire. En effet la Grèce aurait dû quitter l'euro il y a au moins deux ans. C'est d'ailleurs ce que j'expliquais déjà à mes collègues députés en mai 2010 quand ceux-ci, UMP et PS ensemble, votaient une aide de 17 milliards pour sauver l'euro et les banques françaises en Grèce. Voici ce que j'avais déclaré à l'époque : « Lorsquela Grèce dans 1, 2, ou 3 ans s’avèrera incapable de rembourser, surtout aprèsla crise d’austérité imposée, ce seront les autres Etats européens qui devrontdigérer le rééchelonnement de la dette grecque, ce pour épargner aux banquesles conséquences de leur imprévoyance ! »
Rappelons qu'en octobre dernier, dans un grave déni de démocratie, la chancelière allemande avait sèchement interdit au gouvernement grec de consulter le peuple sur cette question de la sortie de l'euro. A l'absurdité économique et au contre-sens historique, s'ajoutait alors l'ingérence politique dans les affaires intérieures d'une démocratie amie.
Cependant il serait inélégant de penser qu'Angela Merkel improvise ou défend mal les intérêts allemands. Elle n'a pas fait cette déclaration aujourd'hui innocemment. Bien au contraire, elle a une idée très précise de ce qu'elle fait. Selon elle, la solidarité européenne n'a que trop duré. En réalité, elle veut sauver ce qu'il reste de l'euro, une monnaie taillée sur mesure pour l'économie allemande. Et pour cela, elle est prête à sacrifier la Grèce.
Mais la vérité est que toutes les économies européennes payent lourdement le prix de cette monnaie surévaluée. Elles le payent au prix de millions de chômeurs, au prix d'une déflation suicidaire et d'une dette intenable. Et dans quelques mois ou même quelques semaines, c'est d'autres pays, au premier rang desquels l'Espagne et le Portugal, à qui Mme Merkel va, très diplomatiquement, demander d'organiser un référendum sur la sortie de l'euro…
Je le dis donc très clairement : n'attendons pas l'injonction de notre voisin allemand pour organiser dès maintenant, dans le calme et la concorde, la sortie de l'euro.
Nicolas Dupont-Aignan
Député-maire d'Yerres
Président de Debout la République
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