AULNAY-SOUS-BOIS (Seine-Saint-Denis), 13 avr 2012 (AFP) – Nicolas Dupont-Aignan a défendu vendredi un "protectionnisme intelligent", avec des droits de douane pour contrer la "concurrence déloyale" de pays comme la Chine, lors d'une rencontre avec des syndicalistes de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois.
"Si on ne dit pas stop, on y passera tous, les uns après les autres. Au début, ce sont les ouvriers, après, ce sont les employés des centres d'appel, après, les chercheurs, les cadres. Cette concurrence déloyale est en train de tuer toutes nos forces économiques, c'est comme un virus", a déclaré le candidat souverainiste à la présidentielle lors d'une table ronde avec des syndicalistes CFE-CGC et FO, qui redoutent la fermeture de cette usine Peugeot.
"On est en train de délocaliser tous les secteurs. S'il n'y a pas de barrières douanières, ça s'évapore. Ces barrières douanières, c'est la seule solution. Si on ne met pas en place un vrai protectionnisme, on n'y arrivera pas. Il y a urgence, il y a le feu au lac", a-t-il plaidé.
Dans son programme, le président de Debout la République plaide pour l'instauration de "droits de douane" et de "quotas", à l'instar de ce que font les pays asiatiques ou d'Amérique latine, afin de "relocaliser l'activité en France", le produit de ces taxes pouvant être en partie affecté au financement de la protection sociale.
Depuis la révélation de documents de travail internes du constructeur automobile émettant l'hypothèse d'une fermeture d'Aulnay, les syndicats craignent que le déclin de la production se poursuive et aboutisse à terme à un arrêt de l'activité. Plus de 3.300 personnes travaillent à l'usine PSA d'Aulnay, dont plus de 3.000 en CDI et CDD, et 300 en intérim.
Egalement entouré de salariés de l'usine Schindler d'Illzach-Mulhouse -dont l'activité industrielle de cabines d'ascenseur sera arrêtée en 2013 pour être transférée en Europe de l'Est- M. Dupont-Aignan a proposé que des entreprises bénéficiaires comme celle-là procédant à des fermetures de site soient "rayées des appels d'offres publics". "Ca ferait réfléchir le patron de Schindler", a-t-il lancé.
"On me dit +mon pauvre M. Dupont-Aignan, ce n'est pas possible d'être protectionniste+ (…) mais le concept de protectionnisme intelligent, ce n'est pas un protectionnisme tout fermé", a-t-il ajouté, "ravi que Toyota produise des voitures en France", avec "des salaires français".
Pour illustrer son propos, le député de l'Essonne s'est ensuite rendu, à quelques kilomètres de là, devant le cinéma Jacques-Tati à Tremblay-en-France. "Le cinéma français fait bien l'objet d'un protectionnisme. Il y a une exception culturelle. Ca marche très bien, avec des quotas et des avances sur recettes, ce qui est interdit par Bruxelles. Donc la culture vaudrait plus" que l'industrie, a-t-il lancé.
Il a également cité l'exemple de "protectionnisme à ciel ouvert" qu'est le constructeur automobile allemand Volkswagen. Son capital est "verrouillé par le Land de Basse-Saxe, qui en détient 20%", donc il n'y a "pas de délocalisation".