Que n’entend-on pas depuis l’incident survenu dans le train Thalys pour faire dela France un pays plus sûr, ne devrai-je pas dire plus exactement un pays sûr, ce qu’il n’est plus, c’est bien là malheureusement une évidence ! Dans le cas contraire on ne mobiliserait pas en permanence des milliers de militaires dont des gendarmes, de policiers et de personnels de sécurité.
Pourquoi imaginer transformer notre pays de liberté en citadelle assiégée. Chacun sait que la liberté dans une forteresse, qui plus est assiégée, n’est qu’un mot, qu’une illusion, qu’elle n’existe pas tant que les portes ne sont pas ouvertes pour tous, à toute heure.
Peut-on de façon sensée imaginer de transformer les espaces publics que sont les gares, les trains, les autobus, les autocars, le métro en lieux dans lesquels pour y accéder et les employer les usagers et les clients seraient soumis aux mêmes contraintes que dans les aéroports ou les ports maritimes ? La pratique même d’une telle décision serait impossible. Les raisons pour lesquelles les ports et les aéroports sont surveillés et contrôlés d’une façon qui nous est désormais familière sont bien différentes. Les navires et avions peuvent être utilisés comme des armes redoutables, des armes de destruction massive. Par ailleurs une fois en l’air ou au large il ne s’agit plus exactement d’espaces publics mais d’espaces confinés, isolés, dans lesquels des forces de l’ordre, des agents de sécurité et les secours ne peuvent pas intervenir en tous temps, en tout lieu, en toutes circonstances, même si des procédures et des plans existent pour venir à bout de pirates et libérer les otages que sont les passagers ou mettre en sécurité les produits éventuellement dangereux transportés.
La citadelle c’est l’inaction, c’est la ligne Maginot qui ne nous a pas été utile, bien au contraire puisqu’elle a donné l’illusion aux français qu’ils étaient à l’abri de tout danger. On sait bien ce qu’il en est advenu et ce qui s’est passé par la suite.
La meilleure défense est l’attaque. Les courageux Américains, britannique et français qui sont intervenus dans le Thalys nous l'ont montré. Donnons-nous les outils judicaires pour contrer les terroristes. Faire l’apologie du terrorisme quels que soient les mots employés, prôner le djihadisme ne seraient pas des délits ? Il faut attendre le passage à l’acte ? Faisons de ces discours, de ces prêches violents et dangereux des délits. Et que fait un repris de justice étranger condamné pour des trafics de drogue, sur notre sol ? Il aurait dû être renvoyé dans les plus courts délais dans son pays d’origine.
Que les politiques, les députés, les juges, les spécialistes du droit et de l’antiterrorisme proposent des solutions, des modes d’action et d’attaque au lieu d’entendre les jérémiades des citoyens qui ne leur font plus confiance, et d’assister impuissants à la montée de l’extrémisme en le déplorant et en le dénonçant ? Il ne faut plus dire ce que le droit ne nous permet pas de faire, il faut dire ce que le droit doit nous permettre de faire. Les solutions existent, des plans d’attaque et d’action sont possibles. Il faut les trouver, les décider et que nos dirigeants soient eux-mêmes convaincus de leur efficacité et soientcrédibles. Qu’ils fassent preuve de volonté, de fermeté et de détermination. De courage aussi.
Jean-Patrick Pluvinet
Contre-amiral (cr)
Délégué national à l'Espace maritime