Je me suis rendu aujourd’hui sur l’Île de Leros en Grèce. J’ai pu ainsi constater l’ampleur du phénomène migratoire sur cette petite île grecque.
J’ai ainsi eu l’occasion de discuter avec de jeunes étudiants syriens qui fuient la guerre. Ils ont souhaité échapper à Daesh et ont déboursé chacun 1000 euros pour en plusieurs mois traverser la Turquie et rejoindre la Grèce.
Malgré toute leur bonne volonté et leur dévouement, les autorités grecques sont complètement débordées. Ainsi, à Leros, il arrive près de 300 migrants chaque jour. Sur les îles de Kos, Samos ou encore Lesbos, les chiffres sont bien supérieurs avec au total plus de 20 000 migrants qui débarquent chaque semaine sur les côtes grecques.
Au centre de Police de Lakki, les autorités me confirment que près de 3000 migrants au minimum sont rassemblés à Leros. Ils sont entassés dans des conditions sanitaires déplorables. Ils n’ont tous qu’un seul objectif : atteindre Athènes par ferry pour rejoindre ensuite la France, l’Allemagne ou l’Angleterre.
Si chaque cas individuel est poignant, il est évident que les pays d’Europe ne peuvent pas continuer à accueillir une telle masse de migrants. L’intérêt général exige un changement radical de politique pour casser l’appel d’air. Assez de naïveté. A côté du problème humanitaire, il ne faut pas nier un risque sécuritaire évident car des djihadistes en profitent bien évidemment pour s'éparpiller en Europe.
Nos dirigeants européens doivent arrêter de nier une réalité qu’ils ne veulent pas admettre. Il n'y a pas de solution miracle mais il y a urgence, pour réduire fortement la pression migratoire, à changer radicalement de politique dans trois directions :
- Revoir notre politique étrangère en Syrie pour combattre efficacement Daesh. Les armes qui ont pu être livrées à l'Armée syrienne libre se sont inévitablement retrouvées du côté des islamistes les plus radicaux car il n'y a pas de frontière étroite entre les différentes oppositions au régime de Bachar-el Assad. A force de refuser de choisir entre la Syrie et Daesh, et alors que les massacres de Chrétiens d’Orient continuent, notre pays prend le risque de perdre sur les deux tableaux : Bachar El-Assad est toujours là, Daesh continue de s’étendre et les migrants continuent de fuir. Entre deux maux, il faut avoir le courage de choisir. L'urgence est de combattre Daesh en s'appuyant sur Assad.
- Faire preuve de fermeté vis-à-vis de la Turquie. Arrêtons le versement de fonds européens à Ankara tant que ce pays ne met pas fin à l’activité lucrative organisée à grande échelle des filières de passeurs sur son territoire.
- Rétablir les frontières nationales en suspendant immédiatement les accords de Schengen, ce qui est possible en cas d'urgence. En effet, les migrants ont un accès direct à l’ensemble des pays européens dès lors qu'ils posent le pied en Europe, comme à Lampedusa ou à Kos. La libre circulation dans l'Union européenne est en réalité une loi de la jungle où la France n'a plus aucun contrôle sur qui entre et sort de son territoire.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France