La volonté affichée par l’actuel gouvernement de réaliser la simplification administrative, comme le serpent de mer, revient régulièrement.
Au cours de ma vie, j’en ai trop souvent entendu parler pour y croire.
J’ai le sentiment qu’il s’agit d’un gag ou d’un vœu pieux, qu’aucune réalité ne concrétisera jamais. J’ai eu l’occasion comme beaucoup, d’être sidéré par le stupidité de certaines formalités administratives, consommatrices de temps, à la fois pour ceux qui en sont victimes que pour ceux, chargés de les appliquer. Pour elles, comme la littérature le mentionne, elles viennent de très loin, c’était donc de la plus haute importance. Que faire?
La solution se trouverait peut-être dans le film cubain de 1966, “Mort d’un bureaucrate“ de Tomas Gutiérrez Léa. L’auteur y instaure le “Bureau d’Accélération “, solution à tous les problèmes. L’humour possible sous le régime Castro, serait-il transposable chez nous ?
Alors que j’étais en fonction dans une grande organisation internationale, le nouveau Directeur Général m’a demandé si j’étais prêt à faire le tour de l’administration pour voir s’il y avait lieu d’en modifier le fonctionnement afin de le rendre plus facile mais surtout y trouver des sources d’économies. J’acceptais cette mission et je commençais à parcourir les différents services en simple touriste curieux. J’avais pour credo ce qu’un de mes anciens patrons m’avait instillé “ à chaque fois que tu rencontres quelque chose qui te parait stupide, dis-toi bien qu’il y a peut-être une bonne raison“.
Je décidais donc de suivre scrupuleusement ce conseil. Très rapidement, je fus effaré par certaines procédures et par la quantité de travail totalement improductif qu’elles induisaient, ayant pour conséquences la mobilisation de pléthore de personnes plus utiles ailleurs et par la production de paperasse à archiver consciencieusement, c’est-à-dire d’espace, de travail, de protection, etc…
Notons que de nos jours, ce même travail, informatisé, entraine peut-être encore plus de dépenses si l’on tient compte de l’enregistrement des données, de l’investissement en machines, leur coût de fonctionnement, le stockage éternel des données quelque part dans des serveurs au Groenland. Cette mission m’a donné l’occasion d’en mentionner les conclusions dans un ouvrage publié aux USA où là, on n’hésite pas à supprimer ce qui vous fait perdre de l’argent.
Ah l’Europe ! quelle belle idée ! des milliers de fonctionnaires encore plus loin que les nôtres des réalités du terrain, imposent de nouveaux formulaires supposés simplifier, multipliant ainsi à l’infini des procédures à rendre fou l’esprit doté de la logique la plus élémentaire. C’est beau le progrès !
J’arrive à la conclusion, que la simplification administrative est illusoire si elle n’est pas imposée de l’extérieur. Si j’étais riche, je créerais la FBS (Fondation pour le Bon Sens). Son président en serait un agriculteur, homme ayant par obligation, les pieds sur terre et dont l’existence même est compromise aujourd’hui du fait de ce système parasitique. Comme hier, l’annonce de la mise en place d’une commission de simplification administrative consistera bien sûr, à faire émerger un quelconque préfet en “disponibilité“ c’est-à-dire au “placard“, de nommer à ses côtés d’autres fonctionnaires que l’on aimerait voir ailleurs que dans son service et préparer ainsi en toute simplicité, l’enterrement programmé de l’initiative.
Peut-être pourrait on mettre en place dans chaque administration, un “Office des Utilisateurs“ il serait composé de volontaires de préférence en retraite, choisis en fonction de leur expérience, certains pourraient appartenir aux différentes associations de consommateurs ou de français de l’étranger, ces derniers y apporteraient peut-être une autre conception des relations administration/administrés. Leur mandat serait de courte durée et leurs frais seuls pris en charge, je suis certain que nous aurions suffisamment de volontaires. Au cas où leurs travaux viendraient à introduire une véritable simplification et des économies substantielles, alors pourrait on imaginer une certaine forme de récompense.
Passé un certain âge, on pense plus à laisser une trace à nos descendants, qu’à un plan de carrière.