La géo ingénierie est le fait de modifier la météo, que ce soit pour empêcher le rayonnement solaire (via une modification de la composition des nuages ou l’injection d’aérosols dans l’atmosphère par exemple), ou pour créer des précipitations (en injectant de l’iodure d’argent ou des sels hygroscopiques dans les nuages en fonction de leur température), solution qui a déjà été utilisée au Pakistan pour répondre à une intense sécheresse, ou aux Émirats de façon plus répétitive (ce qui a amené à d’importantes inondations).
L’idée est donc de favoriser, du moins à court terme, l’environnement d’une région, en en limitant les températures et en y limitant les sécheresses. Cependant, à plus long terme, ces solutions semblent non viables (besoin de plusieurs millions de vols par an pour limiter la hausse des températures, et risque de choc terminal en cas d’arrêt (une hausse très importante des températures que le vivant risque de difficilement supporter)), et la météorologie étant un phénomène encore difficilement modélisable et non compris dans sa totalité par l’Homme (l’oscillation El Nino et la difficulté de prédiction à partir de J+2 en sont des preuves), si l’on est amené à forcer la main de la nature pour des intérêts de court terme (éviter une sécheresse un été), les effets sur le long terme sont encore méconnus.
Venons en à un aspect plus géopolitique. La géo ingénierie est une solution qui reçoit de plus en plus de fonds de recherche dans de nombreux pays (Chine, États-Unis et Union Européenne bien sûr, mais aussi Sahel, pays du Golfe Arabique et Asie du Sud-Est).
Un différend entre État pourrait aboutir à la privation de pluies (ou au contraire, à un véritable déluge), dont l’origine humaine sera difficilement démontrable. L’Homme a donc plus ou moins la main sur la météo de court terme, donc sur l’agriculture, et compte augmenter l’influence qu’il aura dessus, c’est là une nouvelle révolution dans les conflits entre États, après celle du numérique et de l’usage de drones.
Ainsi, l’environnement devient une arme de guerre.
Il faut également prendre en considération que l’État qui, le premier, développera des versions avancées de ces technologies aura, sur la scène internationale, un rôle non négligeable, puisque ce sera alors lui qui impulsera, ou à qui l’on fera appel (via l’ONU par exemple) pour limiter les effets du changement climatique sur une région, dont l’Arctique fait partie (limiter la fonte des glaces par exemple). Investir dans ces technologies, c’est aussi être en mesure, d’un jour peut-être, de pouvoir répondre en cas d’attaque étrangère, voire de posséder un équivalent de dissuasion à l’arme nucléaire.
L’Union Européenne, totalement alignée tantôt sur les objectifs de guerre tantôt Américaine, tantôt Allemande, utiliserait ces technologies pour un agenda qui ne serait pas nôtre.
C’est pourquoi la France doit s’y pencher sérieusement, pour ne pas laisser une fois de plus son destin lui échapper, et voir des philanthropes, entreprises ou des États tiers investir dedans pour l’utiliser unilatéralement, aux dépens des intérêts mondiaux de long terme. Ce thème devra aussi être discuté lors des rencontres multilatérales entre Etats, afin d’arriver à une coopération la concernant, et pourquoi pas à l’émergence d’une législation internationale, qui en garantirait l’usage.