«Je dois d'abord reconstruire le parti Radical!», réponse d'Edouard Herriot à de Gaulle en 1944, alors que le Général lui demande de participer au gouvernement.
Cette absence est effectivement lourde de sens. Elle révèle qu'une grossière opération de communication comme la Primaire ne peut cacher le divorce bel et bien consommé entre l'UMP et les fondamentaux gaullistes.
Ici ou là, divers voix s'étonnent que les «souverainistes», ou plus précisément les Gaullistes, se désintéressent totalement des querelles internes de l'UMP et ne présentent aucun candidat à la Primaire de la grande famille polygame de la droite et du centre. Cette absence est effectivement lourde de sens. Elle révèle qu'une grossière opération de communication comme la Primaire ne peut cacher le divorce bel et bien consommé entre l'UMP et les fondamentaux gaullistes.
Depuis la Libération, un débat opposait au sein de la droite d'une part les tenants de la liberté inconditionnelle de la France à décider de son destin, et, d'autre part, ceux pour qui l'avenir de la Nation appartenait soit à la Bourse, soit aux puissances étrangères, soit encore à eux-mêmes.
Bon an, mal an, cette opposition était arbitrée par les urnes, au prix de réconciliations toujours plus hasardeuses à mesure que la construction européenne avançait. De compromis en compromissions, d'omissions en mensonges, les dirigeants de la droite française se sont volontairement enfermés dans leurs contradictions jusqu'à trahir le vote populaire, renier le référendum de 2005 par le traité de Lisbonne. Depuis lors, droite et gauche partagent chaque jour plus de combats d'arrière-garde, si ce n'est de connivences coupables. Ainsi l'exemple de l'école, quand Luc Chatel reconnait en Najat Vallaud-Belkacem sa digne héritière.
Depuis lors, droite et gauche partagent chaque jour plus de combats d'arrière-garde, si ce n'est de connivences coupables.
Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, la tartuferie idéologique stérilise le débat d'idées par des querelles de personnes. L'hypocrisie du parti socialiste avait abouti à l'organisation d'une primaire permettant à Arnaud Montebourg de faire croire qu'une autre politique était possible dans le carcan de l'Union Européenne. Confronté à la même impasse, l'UMP choisit la même dérobade alors que ses dirigeants connaissent l'issue tragi-comique de cette farce et attrape: l'échec de François Hollande que subissent tous les Français.
Dès lors, le renouveau, c'est du pipeau, et un casting ne définit pas une politique. Ayant systématiquement combattu par toutes les voies internes les trahisons de l'UMP puis finalement pris sa totale indépendance, Nicolas Dupont-Aignan a bien raison de considérer cette Primaire comme «un diner de con.» Un parti politique doit porter un homme pour un projet, pas une ambition personnelle. C'est pour cette raison que Debout la France a été créé.
À quoi bon témoigner autour d'un projet politique déjà entériné qui interdit toute véritable réforme de fond? Les velléités politiques de la droite sont brisées par les lois d'airain de l'Union Européenne: comment lutter contre l'immigration incontrôlée sans contrôle des frontières? Comment relancer l'emploi quand 500 000 postes dépendent de la directive sur les travailleurs détachés? Comment jouer notre rôle international quand nos armées et notre diplomatie sont inféodées? Bref, avec l'UMP, un Président gaulliste inaugurera les Chrysanthèmes déposés par Bruxelles sur notre liberté.
La Primaire ne propose qu'un seul projet politique à notre pays: la disparition de la France. Les nuances entre les divers candidats s'interrogent seulement sur la sauce à laquelle notre nation sera dévorée. Peut-on seulement souhaiter que le malheureux désigné aura au moins l'intégrité de son côté?
En effet j'ajoute que toute personne de bonne volonté ne peut plus avoir un brin de confiance dans la sincérité des scrutins internes organisés par les partis politiques installés. Entre les camarillas pachydermiques des Socialistes et les bourrages d'urnes parrainés par Bygmalion, les Français ont pu constaté la triste réalité de la démocratie dans notre pays. Les gaullistes ont soupé des élections où Nicolas Sarkozy décide du score que les uns et les autres sont autorisés à enregistrer.
Cependant je rassure les Français, il y aura bien un candidat gaulliste à la seule Primaire qui vaille, le premier tour de l'élection présidentielle de 2017.
Jean-Philippe Tanguy