Le peuple français atteint dans sa chair s’est soudain réveillé. La Nation a de nouveau pris conscience d’elle-même. Depuis bien longtemps, les Français n’avaient si nombreux, si dignement, si fermement, rappelé au monde qui ils sont et ce qu’ils représentent.
Prenons garde cependant à ne pas nous bercer d’illusions.
Souvenons-nous des manifestations à répétition des pacifistes de l’entre-deux-guerres qui dissimulaient en fait leur angélisme. Au-delà de la douleur et de l’émotion partagées, ayons le courage d’analyser les responsabilités, de poser les questions même si elles dérangent et de proposer de vraies solutions.
La nation française est bien vivante, nous en avons la preuve aujourd'hui. Mais elle reste menacée par deux périls : la faiblesse de son État et une jeunesse dont une minorité n’a plus de repères.
Alors oui, si nous voulons vraiment honorer la mémoire des victimes de cette guerre larvée, passons des paroles aux actes. Les actes réfléchis, forts et rapides qui s’imposent.
N’attendons pas d’autres attaques pour reconstruire l’État et réconcilier nos jeunesses.
Malgré le dévouement et le professionnalisme de nos policiers, gendarmes, militaires, surveillants pénitentiaires et magistrats, les Français ne sont pas en complète sécurité. À nouveau depuis quelques jours, la pensée unique nous explique à longueur d’antenne qu’il ne faut pas se précipiter, que le « Patriot Act » américain ne marche pas, qu’en dehors de l’Union européenne point de salut, que tout est plus compliqué qu’il n’y paraît, etc.
Ce ne sont que des prétextes pour nous faire oublier que malheureusement cette tragédie n’est pas le fruit du hasard. Elle nous renvoie en boomerang la déconstruction systématique de l’État causée par le dogmatisme judiciaire, la suppression de milliers de postes de policiers, gendarmes et autres militaires, l’élargissement sans fin de l’espace sans frontières de Schengen (étendu à la Turquie en 2017 !). L’interdiction de la fouille des détenus, les remises de peines qui s’additionnent jusqu’à l’aberration, l’illisibilité du code pénal, la libre circulation de facto des armes de guerre, le refus d'expulser les criminels étrangers, ont des conséquences très concrètes qu’essuient en silence et avec abnégation les forces de l’ordre et que payent très cher aussi nos concitoyens.
Au moment ou bien plus d’un millier de djihadistes sont sur notre sol comme autant de bombes humaines, peut-on accepter d’entendre le Premier ministre, après un constat honnête, proposer des mesures a minima dont il avoue lui-même qu'elles ne pourront pas être mises en œuvre avant des mois ?!
Voilà pourquoi je propose d’aller plus vite, plus loin et plus fort. Suspendre les accords de Schengen et rétablir les contrôles fixes aux frontières pour entraver les mouvements des djihadistes comme la circulation des armes et recourir à l’état d’urgence, utilisé pour la dernière fois en 2005, (qui permettra de saisir enfin les armes de guerre en grand nombre qui sont dans nos cités), sont un préalable. Ensuite, il faudra supprimer les remises de peines et abroger la loi Taubira, déchoir de la nationalité les binationaux qui vont combattre dans les rangs de nos ennemis et placer en centres de détention isolés les nationaux qui reviennent du djihâd, enfin voter les rallonges budgétaires indispensables pour combler les carences d’équipement des forces de l’ordre et construire dans les casernes désaffectées les 20 000 places de prison qui manquent.
Dans le même esprit, il faut mettre fin à l’hémorragie des effectifs dans les armées – 48 000 postes détruits depuis cinq ans, auxquels s’ajouteront 34 000 nouvelles suppressions d’ici à 2019, soit au total une diminution du quart de l’effectif initial ! – qui est une folie pure dans le monde instable d’aujourd'hui.
Mais il ne suffira pas de réparer l’Etat qui protège, bras armé de la France, il faudra aussi s’attaquer en parallèle aux racines du mal-être identitaire. Si nous nous sommes tous réjouis de voir la Nation unie, bien vivante, ne mésestimons pas la faille profonde qui fracture notre société et notre jeunesse. Quand des milliers de lycéens refusent d’observer une minute de silence parce qu’ils n’en comprennent pas le sens, lorsque parfois certains d’entre eux vont jusqu’à la contester, il faut là aussi arrêter de faire la politique de l’autruche.
Depuis 30 ans la France a renoncé à son modèle assimilateur exigent pour céder aux communautarismes, elle a cédé à la honte d’elle-même qui conduit au vide et au désenchantement. En pleine crise économique, elle a accepté une immigration de peuplement, c’est un fait historique sans précédent qu’il serait vain de nier. Si, heureusement, une majorité de nos concitoyens récents ont épousé la France et ses valeurs, une minorité s’en est écartée. Certains de ces enfants désœuvrés, non éduqués violents, déchirés entre des identités multiples voire adverses, sont la proie facile d’un islamisme fanatisé, importé de zones de conflit où notre politique étrangère ne brille pas toujours par sa cohérence.
L’enjeu est simple, soit la République réagit et renoue avec son modèle assimilateur, soit la France se « libanisera ».
Réforme profonde de l’Education nationale, service civil obligatoire, laïcité sans aucune faiblesse donnant un sens concret au nouvel élan national, interdiction de tout financement d’un culte par des pays étrangers, francisation du culte musulman,… On sait ce qu’il faut faire, les rapports s’amoncellent dans les armoires depuis 20 ans !
Trouvons maintenant la volonté et le courage. Le temps presse, il y a urgence : nous sommes en guerre, et une guerre ça se gagne…
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Député de l’Essonne
Président de Debout la France