Va-t-on vendre la France à la découpe?
Jeudi dernier, le ministre de l’Economie a annoncé la vente de 49,9 % du capital détenu par l’Etat à un consortium chinois pour 308 millions d’euros. Les collectivités locales et la CCI de Toulouse possèdent les autres 40 % et l’Etat en conserve 10,1%. M.Macron a beau arguer qu’il ne s’agit que d’une ouverture du capital, l’accord prévoit la possibilité d’une option sur trois ans sur les 10,1 % restants du capital détenu par l’Etat. Que bien sûr les chinois exerceront afin d’être totalement majoritaires et que M.Macron s’empressera d’accepter s’il est encore ministre de l’Economie d’ici là. Heureusement pour nous, il y a peu de chance que ce soit le cas.
Mais en attendant, le consortium chinois gèrera l’aéroport de Toulouse-Blagnac dans le cadre d’une concession courant jusqu’en 2046. Les chinois qui ne sont pas connus pour avoir les pratiques les plus respectueuses en matière de propriété intellectuelle et de copie industrielle, seront désormais chargés d’exploiter l’aéroport français sur lequel s’exerce une très large partie des activités d’Airbus (essais et exportations). On savait que les chinois avaient une vraie vision stratégique de leurs investissements. Ils le montrent encore une fois en étant prêts à surpayer le sixième aéroport français (leur offre était supérieure de 50 millions aux 2 offres françaises), pour se placer au cœur de la métropole toulousaine qui regroupe le plus formidable tissu industriel aéronautique européen.
Dans cet épisode, qui n’est pas sans rappeler la privatisation des autoroutes en 2006 par le gouvernement Villepin, le gouvernement socialiste, que l’on savait déjà piètre gestionnaire, est prêt à brader un aéroport quasiment neuf (le prix de vente n’est pas même pas celui d’un A380) et bénéficiaire (10 millions de résultat d’exploitation en 2013) pour donner des gages à la Commission européenne sur l’assainissement de ses finances publiques. Il montre aussi et surtout qu’il n’a plus aucun sens de l’intérêt national ni aucune stratégie économique et industrielle. Cette vente en est la parfaite illustration.
Cet abandon est d’autant plus intolérable que le peuple a compris les enjeux et est prêt à se mobiliser pour les relever. L’initiative de Wiseed, une plate-forme de financement collaborative, a permis de récolter plus de 18 millions d’euros de promesses d’investissement en 12 jours auprès de près de 8 000 personnes, de quoi racheter les 10,1% du capital de Toulouse-Blagnac restant à l’Etat, pour bloquer la majorité du capital en association avec les collectivités. A ce jour, cette proposition n’a reçu aucun retour de la part de l’Elysée. M. Macron va chercher des investisseurs jusqu’en Chine alors qu’il les a sous son nez ! Alors que le taux d’épargne des français a toujours été l’un des plus élevé au monde, 15% encore en 2013 malgré la politique économique catastrophique du gouvernement!
Cela fait des années que les Français souhaitent que leur épargne finance l’économie réelle plutôt que les obligations d’Etat ou la finance spéculative. Avec le crownfunding, s’il est bien encadré et orienté vers des projets rentables et réalistes, il existe une véritable opportunité pour associer les Français au développement, pour déverrouiller une partie de l’épargne non-productive au moment où nos entreprises manquent de fonds propre et où l’investissement est en chute libre plombant d’avance la croissance de demain. Cette nouvelle source de financement pour notre économie, basé sur un patriotisme économique et une véritable proximité avec l’économie réelle, tout le contraire de la politique actuelle du gouvernement qui n’est faite que pour rassurer la Commission de Bruxelles, permettra en plus de réconcilier les Français avec l’économie productive et les chefs d’entreprise, en créant un lien de participation et de responsabilité direct et gagnant-gagnant entre les millions d’épargnants et tous les créateurs et les entrepreneurs. Cela permettrait également de trouver des sources de financement stable pour les grandes infrastructures de notre pays, plutôt que de faire appel à ces PPP qui ruinent nos collectivités et créent de nouvelles rentes pour des grands groupes privés sur des monopoles publics.
Encore faut-il pour cela que l’Etat joue son rôle et créé un cadre attractif et sécurisé pour ce nouveau type d’investissement. Alors, plutôt que de vendre notre pays à la découpe à des intérêts étrangers, E.Macron devrait se pencher d’urgence sur les conditions fiscales de l’investissement dans les entreprises (la déduction fiscale est toujours bloquée depuis des années à 5 000 €) et dans les projets de développement économique basés sur l’investissement populaire. Il est possible de créer un grand système de participation populaire permettant à tous les Français, plutôt que de mettre leur argent dans un livret A à 1%, d’enfin investir dans du concret, dans leurs entreprises, dans des projets français et avoir la fierté de participer au développement de leur pays ! Les Français y sont prêts car ils ont compris que le XXIème siècle était une guerre économique, manque plus que des dirigeants qui soient à la hauteur et sortent des vieux schémas des années 80.
Nicolas Calbrix
Président de Debout les Jeunes
Délégué national en charge des relations avec les organisations socio-professionnelles