Yuval Noah Harari est professeur d’histoire à l’université hébraïque de Jérusalem ainsi que conseiller principal de Klaus Schwab, le fondateur du Forum Économique Mondial (WEF). Il est auteur de trois ouvrages traduits dans des dizaines de langues et vendus par millions. Considéré comme le chantre du globalisme effréné, ses affirmations sont souvent citées et déformées par des personnes qui répètent des phrases extraites de leur contexte sans jamais avoir lu l’original. Pourtant, son analyse de l’évolution de l’humanité nous incite à réfléchir. Nous prenons inspiration de son troisième ouvrage, « 21 leçons pour le XXIe siècle », dans lequel il essaie de prévoir le futur à court terme, afin d’attirer l’attention du lecteur sur ce qui pourrait être le plus grand danger qui nous attend.
Depuis la révolution industrielle, chaque emploi supprimé par la mécanisation a été compensé par la création d’au moins un autre emploi. Les machines ont remplacé les êtres humains dans des tâches physiques, mais n’ont jamais menacé notre spécificité cognitive. Le développement de l’intelligence artificielle risque de changer la donne, car, même si l’IA manque de conscience, elle dépasse dès à présent l’humain dans des nombreuses tâches complexes et continue de se développer à un rythme impressionnant. Le danger que Harari met en avant c’est que la majorité des êtres humains devienne « sans intérêt » (« irrelevant » dans le texte original), car il n’y aura plus aucun emploi pour eux. Cela a été traduit par « inutiles » : remarquez la nuance.
Posons nous la question de comment fournir de quoi vivre à des êtres humains « sans intérêt », qui ne pourront produire aucune richesse. En instituant un revenu universel, vieux fantasme de la gauche, financé par la richesse créée par les machines. Gagner sa vie sans travailler, on dirait un rêve. Le revers de la médaille est pourtant effrayant. Tout d’abord, le montant du revenu universel sera probablement suffisant pour vivoter mais rien de plus ; ceux qui souhaitent une vie plus confortable devront trouver un emploi. On peut facilement imaginer quels emplois resteront disponibles pour les humains « sans intérêt » : des tâches au service du pouvoir en place. L’exemple récent des contrôleurs de passe sanitaire revient naturellement à l’esprit. Mais même ceux qui se contenteraient d’un niveau de vie compatible avec le revenu universel ne seront pas à l’abri : quel levier plus puissant peut-on imaginer pour museler toute opposition qu’une modulation du montant d’un revenu perçu sans aucune contrepartie ? L’introduction du crédit social se fera ainsi de façon sournoise.
Imaginer d’arrêter le développement de l’AI est irréaliste, mais nous devons encadrer son utilisation afin que la marche à rythmes forcés vers une humanité « sans intérêt », soumise aux diktats du crédit social, ne devienne inéluctable. La position de Debout la France est claire et sans aucune ambiguïté : la technologie doit rester au service de l’humanité, plutôt que devenir un nouvel atout pour une élite autoproclamée qui nous mène vers un totalitarisme qui ne dit pas son nom.