L’âge minimum de départ à la retraite passe de 62 à 64 ans, progressivement en 7 ans, plein effet en 2030. En échange, pas d’augmentation prévue des taux de cotisations retraite ; on nous dit donc que cela ne coûtera rien aux salariés actifs ni aux entreprises. Mais pas tout à fait. Un peu de bon sens, un peu de mathématiques, et regardons les autres volets de la couverture sociale : les complémentaires en santé et en prévoyance.
En santé, quelles sont les conséquences et pourquoi ?
Si on regarde les ordres de grandeur, la dépense moyenne par personne d’une complémentaire santé, c’est 500 euros par an. Mais on a une grande disparité en fonction de l’âge : le coût est deux fois plus élevé pour une personne de 60 ans que pour une personne de 40 ans.
Lorsque la réforme aura atteint tous ses effets, donc dans sept ans, la part des affiliés de plus de 60 ans va augmenter de 50%.
Le coût d’un soixantenaire est plus élevé que pour les autres assurés, il y aura plus de soixantenaires, donc le coût pour la complémentaire santé va augmenter. On estime cette augmentation à 0,5% par an, soit 3,5% d’augmentation à l’échéance 2030, répartis sur la totalité des cotisants.
En termes de montant ? si on prend une cotisation moyenne de 1.200 euros par an, cela donne 1.200 x 3,5% soit environ 40 euros par an par salarié.
En prévoyance, les effets sont plus importants ; la prévoyance couvre trois risques : le décès, les arrêts de travail, l’invalidité. L’impact le plus marquant va se faire sur les décès, plus réduit sur les arrêts de travail, neutre sur l’invalidité (car la loi prévoit en cas d’invalidité de continuer de partir à la retraite à 62 ans)
Lorsque l’âge augmente la probabilité de décéder augmente, et généralement le salaire est plus élevé avec l’ancienneté et l’âge ; il y aura donc plus de décès à payer, pour des montants plus importants. Les différentes études tablent sur une augmentation progressive des coûts liés à ce risque, environ +1% par an, et donc entre 6 et 8% d’augmentation en 2023 lorsque la réforme aura pris tous ses effets.
Et donc, ça fait combien ? si on prend 7% d’augmentation (moyenne entre les 6 et 8% estimés par les assureurs et mutualistes) et une cotisation de l’ordre de 1.000 euros par an, cela fait 1.000 x 7% soit 70 euros par an.
Au total, cette réforme des retraites coutera globalement 110 euros par salarié ; un peu moins pour un célibataire qui touche le SMIC, plus ou beaucoup plus pour un cadre. Ce montant est payé en général moitié par le salarié, moitié par l’entreprise.
Sur 20 millions de salariés du secteur privé, cela fait 2,2 milliards par an d’euros de cotisations santé et prévoyance supplémentaires. Ce n’est donc pas rien.
La cerise sur le gâteau pour le ministre Bruno Le Maire : il y a des taxes sur la santé, environ 13% ; cela rapportera donc 20 millions x 40 x 13% soit 100 millions d’euros de taxes supplémentaire
Les références qui ont servi à rédiger cet article :
Réforme des Retraites : Quels impacts pour le secteur de l’Assurance ?
https://www.wtwco.com/fr-fr/insights/2023/03/quels-sont-les-impacts-de-la-reforme-des-retraites-sur-vos-regimes-de-protection-sociale
https://www.capital.fr/votre-retraite/reforme-des-retraites-un-relevement-de-lage-de-depart-fera-grimper-vos-cotisations-prevoyance-1453173
https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/assurance-banque/retraites-malakoff-humanis-prevoit-une-hausse-des-cotisations-de-prevoyance_AD-202303140612.html