En 2019, 626 800 candidats de terminale ont confirmé au moins un vœu au cours de la phase principale de Parcoursup[1]. Le système qui dirige, par un algorithme, les nombreuses candidatures vers des filières d’études supérieures ne concernait que les élèves en fin de lycée. Depuis le 1er février 2023, « Mon Master » concerne les étudiants en fin de licence. Les paramètres de l’algorithme ne sont pas connus et les établissements d’études supérieures ont la possibilité de décider de leurs propres critères de sélection.
Les étudiants sont poussés à poursuivre leurs études et il y a une accumulation des candidatures au niveau des masters. Désormais, les procédés pour postuler aux masters sont harmonisés pour plus « d’égalité des chances ». Rappelons qu’en 2022, une pénurie de places en masters avait fait parler d’elle. Un stress se rajoute à la désillusion des étudiants qui pensaient obtenir un master pour poursuivre leurs études. L’argument avancé par le gouvernement est de mieux répartir les étudiants entre les formations mais faut – il encore que cette répartition convienne à tous… Finalement, l’élargissement de ce mode d’attribution des places en études supérieures aux masters sera-t-il la solution optimale pour les étudiants ?
Pour les lycées publics mais surtout privés, le but est de comprendre au mieux comment le système fonctionne. Les notes peuvent être modifiées par les établissements pour que leurs élèves soient en meilleure position vis-à-vis d’autres.
En ayant le souhait de donner la même chance à tous, l’Etat créé une forme plus vicieuse de sélection. Le covid ayant privé un certain nombre de lycéens d’épreuves du baccalauréat, les notes manquantes ont été remplacées par les notes que les élèves avaient obtenu au cours de leurs années de première et de terminale. Encore une fois, les élèves n’ont pas été évalués sur les mêmes critères ni notés selon le même barème. L’égalité des chances est alors une fois de plus mise en défaut…
Depuis 1998, les inscriptions dans le privé ont doublé tandis qu’elles n’ont augmenté que de 15% dans le public[2]. Se déchargeant de son rôle, l’Etat favorise l’enrichissement des entreprises privées sur le dos des étudiants et de leurs parents. La part des formations payantes augmente et les formations gratuites de bonne qualité se font de plus en plus sélectives (Dauphine, ENS…). Nous sommes alors en droit de nous demander où est la fameuse « égalité » promise par nos dirigeants…
Même si le système permet de mieux connaitre les formations existantes, l’algorithme de sélection reste inconnu. L’injustice réside dans le fait que les candidats sont sélectionnés selon d’autres critères que les leurs. Les élèves ne peuvent désormais que choisir des formations sans les classer ce qui rend aléatoire et floue l’attribution des places.
Plus de transparence au niveau de l’algorithme et au niveau des attentes réelles des formations permettrait une meilleure compréhension du système pour tous. Rendre le code de cet outil open source pourrait permettre une contribution citoyenne au perfectionnement du système d’attribution des places.
La massification scolaire ne conduit pas à une réelle démocratisation de l’école et ce n’est pas Parcoursup qui y remédie. Il serait intéressant de proposer des formations alternatives en amont du baccalauréat qui ne nécessitent pas l’utilisation de Parcoursup. Conduire les élèves à poursuivre leurs études à tout prix n’est pas la méthode à adopter pour éviter les désillusions et permettre l’égalité.
Mathilde YU YUENG
Présidente de Debout les Jeunes
[1] Ministère de l’Education Nationale
[2] MESRI-SIES, Système d’information SISE, enquêtes menées par le SIES sur les écoles d’ingénieurs, les établissements d’enseignement supérieur non rattachés aux universités,
données sur les STS et CPGE collectées par la DEPP, enquêtes spécifiques aux ministères en charge de l’Agriculture, de la Santé, des Affaires sociales et de la Culture.