L’appel lancé par De Gaulle le 18 juin 1940 n’a pas cessé de résonner dans la mémoire et dans le cœur de millions de Français. Rien d’étonnant, dès lors, que les adeptes UMP de la politique-spectacle cherchent à redorer leur blason singulièrement terni ces derniers temps en figurant sur la photo-souvenir de ce jour historique. C’est ainsi qu’aujourd’hui, 18 juin 2014, Bruno Le Maire honorait de sa présence la tombe du général De Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises tandis que François Fillon, à Londres, tentait de mettre ses pas dans les pas de géant du chef de la France libre. Certes, chacun est en droit de rendre hommage au libérateur de la patrie.
De Gaulle n’est la propriété de personne. Cela ne signifie pas qu’il appartienne à n’importe qui. Il y a des limites à la récupération ! De Gaulle mettait l’indépendance et la souveraineté nationales au-dessus de tout et c’est ce qu’exprime par-delà le gouffre des années le geste du 18 juin : le refus de l’abandon, le refus de la soumission, le refus de la fatalité, l’appel à la résistance, l’affirmation, en dépit de tout, de la grandeur de la France, la volonté de faire triompher le droit des peuples à la dignité et à la maîtrise de leur destin, c’est-à-dire exactement l’inverse de la politique à laquelle se sont honteusement ralliés depuis des années François Fillon, jadis proche de Philippe Séguin, Bruno Le Maire, et les principaux dirigeants de l’UMP ! De Gaulle, jusqu’à sa mort, a toujours combattu le principe et la mise en œuvre d’une supranationalité européenne. Le peuple français, en 2005, était fidèle à son souvenir et à lui-même lorsqu’il se prononça massivement contre le traité constitutionnel européen qui attentait à sa liberté et hypothéquait son avenir.
Nicolas Sarkozy, François Fillon, Bruno Le Maire ont bafoué le peuple français et avec lui la démocratie quand ils ont fait adopter par le Parlement une copie conforme du texte rejeté par les Français. Depuis 2005, l’UMP et le P.S. son complice ont ratifié tous les accords européens dont ils ne manquent pas, le temps d’une campagne, et dernièrement encore lors des élections européennes, de dénoncer hypocritement les effets pervers. Le chef de file présenté le 25 mai dernier en Ile-de-France par l’UMP, soutenu par François Fillon et Bruno Le Maire, n’était autre que l’hyperfédéraliste Alain Lamassoure qui préconise la suppression du droit de veto que peut opposer un pays – donc le nôtre – aux décisions communautaires. De Gaulle n’imaginait pas l’Union européenne autrement que comme la libre alliance d’Etats-nations souverains.
Il n’imaginait pas la réconciliation et la relation franco-allemandes autrement que sur un pied d’égalité. Il n’imaginait pas une France au garde-à-vous devant Bruxelles et ses directives, devant Berlin et ses ukases, devant Francfort et ses décrets. Après que les comptes pharaoniques et mensongers de son candidat à l’élection présidentielle ont été invalidés, alors qu’éclate le scandale Bygmalion, au moment où l’UMP croule sous les procédures judiciaires et le mépris des honnêtes gens, les séances de génuflexion de ses ténors devant un homme qui était aussi l’incarnation de la probité et de l’intégrité constituent une sorte de mascarade indécente, un défilé de Mardi Gras déplacé en juin. Décidément à l’UMP on ose tout. C’est même à ça qu’on la reconnaît ! $
Dominique Jamet
Vice-Président de Debout la République