Après l’Ukraine, la Retraite, nous voilà, depuis plusieurs semaines, en prise avec un des plus grands enjeux humains : l’accès au droit de décider du jour et de l’heure de notre mort sous certaines conditions. En d’autres termes : l’Euthanasie.
Cette menace d’une législation de l’euthanasie est très forte et inquiétante par bien des aspects. Le témoignage douloureux qui suit, met l’accent sur l’impact de ce geste loin d’être anodin, sur les « survivants ».
De quoi s’agit-il ?
De faire un choix de vie ou de mort face aux drames humains qui surviendront un jour dans nos vies avec les réponses proposées : euthanasie active, euthanasie passive, suicide assisté, suicide accompagné, Aide médicale à mourir……autant d’actes, autant de choix qui, s’ils soulagent de la souffrance, restent malgré tout, une source de détresse importante pour le patient et ceux qui restent.
Les fondamentaux ignorés ou délaissés par nos élites. Les discours et les réflexions portés à la connaissance du public portent la plupart du temps sur le soulagement de la souffrance physique du patient et sur le processus médical pour y accéder.
Ainsi, deux fondamentaux de vie sont passés sous silence : la souffrance psychique du patient et celle des accompagnants (famille, et amis) qui continueront à vivre et que je nomme « les survivants ».
Les étapes d’un processus de fin de vie et le début d’une longue souffrance psychique Témoignage : « Voici les différentes étapes dans le processus d’une Aide médicale à mourir que j’eus, pour mon plus grand malheur, à vivre en accompagnant mon épouse dans son souhait de demander l’Aide médicale à mourir alors que nous habitions au Québec, une aide légalisée dans cette province canadienne depuis 2014 :
– Il y a tout d’abord la décision pour le patient de vouloir partir et de l’annoncer à ses
proches.
– Puis vient le temps du processus médical qui consiste en trois entretiens entre le corps
médical et le patient accompagné de son proche, pour connaître le verdict du droit à
recevoir la mort ou non.
– Ensuite, ce sera le tour du choix du jour et de l’heure de la mort. Durant cette période qui ressemble étrangement aux derniers jours d’un « condamné à mort », on essaie de vivre, comme on peut, avec ces longs silences souvent inhérents au véritable amour, la longue attente du jour fatal par le patient et son entourage ( J-19 puis J-18, ….- 3, -2, -1.), les innombrables mais inévitables questionnements du patient et de ses proches : que dois-je lui dire? Comment lui exprimer mon amour, ma tendresse ? Pourront-ils continuer sans moi ? Qu’avons-nous fait de notre vie ?……
– Puis, le dernier jour, s’ensuivent les derniers instants, à savoir la dernière confrontation à deux entre le médecin et le patient 5’ avant l’acte, et enfin la mise en place des proches autour du lit. Alors, vient le moment de l’injection lente du poison mortel qui se fera en trois étapes. Mais vous n’avez que 20 secondes pour communiquer avec votre proche avant son endormissement fatal.
C’est donc le temps des derniers regards de chacun envers le patient ainsi que le regard du patient envers vous qui semble vous donner un dernier message. Des regards lourds de conséquence pour les temps à venir. Des regards de tendresse, de doute, de pardon, de désespoir (mais peu d’espérance), avant d’attendre la vie s’en aller du corps de l’être aimé. Puis le processus se termine par le tour du médecin qui, 5’ après l’arrêt cardiaque du patient, vient vous confirmer le grand départ irréversible de celui ou celle que vous avez tant chéri et avec qui vous avez partagé bonheurs et malheurs ».
De cela, les médias et le gouvernement ne vous en parleront pas : Rien ne doit perturber la volonté politique, économique et sociétale sur cet enjeu humain.
Alors, vous qui resterez après le départ de votre proche, serez-vous capables de vivre pendant des années avec ces regards, ces phrases, ces gestes, ces « fantômes de fin de vie », sans regret, sans remord, sans culpabilité d’avoir permis (ou d’avoir été complice) de faire ôter la vie à votre proche ……..alors qu’ils existent des avenues certainement plus sereines ?.
Cécile Bayle de Jessé
Vice-Présidente de Debout la France
Déléguée nationale à l’épanouissement familial
et
Patrice Sautereau du Part
Franco-Canadien (Québec)