Monnaie : sur un territoire donné, ensemble des moyens de paiement utilisé sous trois formes : les pièces et les billets de banques émis par la banque centrale ainsi que les dépôts à vue dans les banques ou autres organismes financiers équivalents.
Créée par le traité de Maastricht ratifié en 1992, la monnaie unique est devenue le symbole de l'UE le plus emblématique et le plus contesté. Conçu principalement pour rendre irréversible l'intégration politique européenne, l'euro est le décalque de l'ancien deutsche mark, dont il a repris les dogmes – lutte contre l'inflation et orthodoxie budgétaire – et la gestion – assurée par une Banque centrale indépendante du pouvoir politique. Monnaie allemande plutôt qu'européenne, il est fatalement inadapté à l'économie de la plupart des pays-membres – à l'exception de ceux de l'ancienne zone mark – ce qui provoque toute une série de graves distorsions au sein de l'UE, au risque de la faire exploser.
Censé favoriser la croissance, l'emploi, la prospérité de tous et la convergence économique entre ses membres, il a en pratique exacerbé leurs divergences, « renforçant les forts et affaiblissant les faibles » (Louis Gallois, rapport du 5 novembre 2012). Déprimant l'activité par sa cherté face aux autres devises, empêchant de recourir à la dévaluation monétaire entre ses membres (ce qui favorise outrageusement l'industrie allemande en Europe), il a eu enfin un effet catastrophique pour les finances publiques en permettant de compenser par l'emprunt, à des taux déraisonnablement bas, le déficit de croissance qu'il provoquait par ailleurs.
Pour réparer la zone euro gravement abîmée par la crise qui s'en est suivie, il n'y a que deux solutions, toutes les deux inefficaces et inacceptables : faire rembourser les dettes des pays ruinés par les pays riches au risque que cela soit sans fin, serrer la ceinture des pays surendettés au risque d'aggraver leur situation jusqu'à la banqueroute et la révolte. C'est cette dernière solution qu'ont retenue, hélas, les dirigeants européens, y compris pour la France qui s'engage dans une austérité mortifère, sans précédent. Cela s'est traduit par la mise sous tutelle des parlements nationaux, désormais soumis à Bruxelles dans l'élaboration du budget.
Il faut surmonter la peur de la sortie de l'euro pour sortir par le haut de cette impasse suicidaire. La solution est de créer à la place de l'euro une monnaie commune européenne, qui rétablira des monnaies nationales coopérant entre elles (euro-franc, euro-mark, etc.) : souple à l'intérieur grâce à des taux de conversion entre pays membres annuellement révisés, elle sera un instrument de solidarité entre Européens en leur offrant une monnaie unifiée face au reste du monde. Enremplaçant l'euro par des monnaies nationales coordonnées entre elles, les peuples retrouveront ainsi une monnaie qui leur ressemble et qui leur permettra, enfin, de peser ensemble dans la mondialisation.