La majorité socialiste propose donc ce jour de reporter à nouveau pour de nombreuses années les délais pour l’équipement satisfaisant des villes, des transports et des logements pour les personnes handicapées. C’est une nouvelle démonstration du fait que la politique monétaire, économique et sociale du gouvernement, comme celui des précédents, ne permet plus de financer la protection sociale. La priorité est désormais de rembourser les déficits, c’est-à-dire d’abord et avant tout rembourser des banques privées.
Certes notre pays doit combler ses déficits, mais il ne pourra le faire en s’appauvrissant.
Or, non seulement l’activité économique disparait dans les localisations, mais les finances publiques ne jouent plus leur rôle de moteur de la croissance en investissant dans les domaines d’avenir. En acceptant que les rentrées fiscales et économiques disparaissent, il n’y a en effet pas d’autre solution que de sabrer dans les dépenses.
Or l’enjeu du handicap va bien au-delà de celui , déjà considérable, du million de personnes handicapées qui vient en dessous du seuil de pauvreté, des 20 à 30.000 enfants handicapés qui sont difficilement scolarisables, ou du taux de chômage deux fois plus élevé chez les handicapés que dans la moyenne nationale, déjà en elle-même inacceptable. Il touche au problème plus général du vieillissement et de la dépendance.
Certes, les sommes à mobiliser pour faire de la France un pays où le handicap et la dépendance soient réellement pris en compte sont considérables, sans doute au-delà de dix milliards d’Euros pour le seul handicap. Mais c’est surtout le problème de la création de la cinquième branche de la Sécurité sociale pour couvrir la dépendance, quel que soit l'âge et l'origine de la perte d'autonomie qui est en jeu.
Toutes ces questions sont un serpent de mer depuis des décennies, renvoyées aux collectivités locales pour se débarrasser du fardeau.
La proposition socialiste n’est pas un simple délai, c’est en réalité un ajournement.
Si l’Etat n’était pas aujourd’hui corseté par le système de l’Union Européenne et de l’Euro, il serait possible d’œuvrer à la relance de l’emploi en aidant significativement le secteur des aides à la personne.
Retrouver nos marges de manœuvre économique, sur la monnaie comme sur les frontières permettrait de redonner à notre économie la dynamique de croissance sans laquelle rien n’est possible.
Résoudre en France les problèmes du handicap, mais aussi de la dépendance et du vieillissement, est un enjeu majeur qui ne se règlera pas en un jour. Il y faut une volonté politique sur la durée, mais une politique qui aurait un sens économique par ce que les handicapés aspirent à être aussi actifs que possible, de même que les retraités sont en réalité actifs de plus en plus longtemps et participent à la richesse du pays
Mais en considérant en réalité les handicapés et les personnes âgées comme un fardeau, le gouvernement d’aujourd’hui montre qu’il n’a plus aucune vision de long terme, qu’il se contente de boucher les trous et de fermer les robinets, au service d’une politique économique et nationale suicidaire.
François MORVAN
Vice-Président de DLR
Délégué National à la Santé, Sport et handicap