C’est une interview assez stupéfiante que la commissaire européenne aux affaires européennes a donnée au journal Le Monde, sur l’immigration. Un entretien révélateur de la vision dogmatique, sans nuance et sans recul qui prévaut dans les cénacles européens et la gauche sociale-libérale.
L’immigration est-elle nécessaire en Europe ?
Pour Cecilia Malmström, « l’immigration sera nécessaire, étant donnée notamment l’évolution de la démographie dans la plupart de nos pays. On estime qu’en 2030, sans nouvelle immigration, la population européenne en âge de travailler aura diminué de 12% (…) d’ici à 2020, le secteur européen de la santé devrait manquer de 2 millions de personnes ». Tout d’abord, il faudrait lui rappeler que le taux de chômage vient de battre un record, à 11% de la population active.
Pire, l’OIT estime que nous risquons d’ajouter 4,5 millions de chômeurs aux 17,4 millions déjà recensés dans les quatre prochaine années. Bref, les pays européens ont surtout besoin d’emplois aujourd’hui, bien plus que de nouveaux immigrés qui auraient toutes les difficultés à trouver un emploi. Et si le secteur de la santé risque de manquer de 2 millions de personnes en 2020, autant former des chômeurs ou des jeunes. Nous avons huit années pour le faire !
Quand Le Monde ne fait pas son travail
L’entretien du Monde est une caricature sans le moindre recul. Il est tout de même stupéfiant que le journaliste ne reprenne pas la commissaire européenne qui évoque la diminution de la population active européenne en lui précisant que la situation varie énormément selon les pays. En effet, si l’Allemagne et l’Italie vont connaître un vrai krach démographique, les populations actives de la France et du Royaume Uni vont continuer à progresser, d’où des besoins différents.
Les questions du « journaliste » sont incroyables de parti-pris et de condescendance : « Comment convaincre à la fois les dirigeants et l’homme de la rue qui, souvent, ressent confusément (l’homme de la rue est un peu bête, dans l’esprit de ce « journaliste ») l’immigration comme une menace ? ». Bien sûr, il ne viendrait pas à l’idée du Monde que la montée du chômage et la crise provoquent un questionnement légitime sur les flux migratoires aujourd’hui…
Débattre sereinement de l’immigration
Pourquoi faudrait-il être xénophobe ou confus (sic) pour vouloir limiter les flux migratoires ? La situation actuelle du marché de l’emploi (qui rend déjà plus difficile l’intégration des immigrés présents sur notre sol) plaide pour une pause. N’aurait-on le choix qu’entre un laissez-passer sans la moindre limite, qui revient à accueillir toute la misère du monde qui le souhaite, ou un refus raciste et caricatural de l’étranger, en mentant pour faire peur aux Français, comme le fait Marine le Pen ?
L’immense majorité de la population a une attitude bien plus mature que la commissaire européenne et le journaliste du Monde au sujet de l’immigration et souhaite nettement réduire les flux migratoires aujourd’hui du fait de la crise et du chômage. En outre, on pourrait rétorquer que le cas du Japon démontre justement que dans un pays qui fait peu d’enfants, il est possible de garder un faible niveau de chômage en limitant l’immigration, comme l’expliquait The Economist
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Il est effarant de constater à quel point certaines élites sont coupées de la réalité. Non, les pays européens, et encore moins la France, n’ont pas besoin de plus d’immigration aujourd’hui. Les pays européens ont besoin des emplois que détruit consciencieusement le projet européen depuis 25 ans.
Laurent Pinsolle
Porte-parole de Debout la République