Nicolas Dupont-Aignan : le candidat du protectionnisme intelligent

Nicolas Dupont-Aignan : « La sortie de crise passe par la relocalisation d’un million d’emplois industriels. »

Pour son premier déplacement de campagne, le candidat gaulliste à la présidence de la République s’est déplacé à la rencontre des salariés de PETROPLUS, une usine menacée de fermeture en Haute-Normandie. Il en a profité pour dénoncer les délocalisations et réclamer l’instauration immédiate d’un « protectionnisme intelligent ».

Moins d’une semaine après l’officialisation de sa candidature à la présidence de la République sur France 2, Nicolas Dupont-Aignan a effectué son premier grand déplacement de campagne.

Le candidat du « protectionnisme intelligent » s’est ainsi déplacé, ce vendredi 16 décembre, en Seine-Maritime pour y rencontrer les ouvriers de l’usine Pétroplus de Petit-Couronne.

Devant les représentants de l’intersyndicale, puis devant plus de 200 ouvriers présents, Nicolas Dupont-Aignan a pris la parole afin de dénoncer la concurrence déloyale des pays émergents, qui fait aujourd'hui peser une forte menace de fermeture sur le premier raffineur indépendant d’Europe, et inquiète directement les 620 familles qui dépendent de Pétroplus en Normandie.

« Le grand show » de Sarkozy et Hollande

Chaleureusement accueilli par les salariés lorsqu’il dénonça les délocalisations, Nicolas Dupont-Aignan s’en est pris à Nicolas Sarkozy, François Hollande ou François Bayrou qui ont récemment placé la question du "made in France" dans leur campagne à des fins électoralistes. Le Maire d'Yerres a ainsi dénoncé « le grand show visant à faire croire qu’il était possible de concilier l’ouverture des frontières avec des pays esclavagistes et la défense de notre industrie » et a proposé une « vision réaliste des échanges internationaux » où l’Europe et la France pourraient « se protéger comme le font tous les États de monde ».

10 mesures phares pour instaurer le protectionnisme

Ce déplacement a en outre permis au candidat de Debout la République de présenter les dix mesures phares de son programme destinées à instaurer un « protectionnisme intelligent ».

L'objectif de ces mesures est de rétablir « la loyauté de l’échange, plus qu'imposer une nouvelle ligne Maginot ».

En effet le constat est sans appel : avec un déficit commercial record attendu pour 2011 de 75 milliards d’euros – dont 20 milliards avec la seule Chine – et la destruction de 600 000 emplois industriels ces dix dernières années, la France connaît un déclin économique qui menace autant son niveau de vie que son rang mondial.

Les conséquences en cascade de ce véritable carnage industriel que semblent tout à coup découvrir, à quelques mois de l’élection présidentielle, les candidats des partis aux affaires depuis 30 ans, sont désastreuses : outre le coût humain, social et financier du chômage de masse, des régions entières se transforment peu à peu en terrain vague, des savoirs-faire dans des secteurs d’importance stratégique se perdent, l’etat se paupérise et se surendette, ses missions régaliennes sont de moins en moins assurées, ses services publics se lézardent, le pays subit une dépendance économique et stratégique croissante envers des géants de la mondialisation bien résolus à lui imposer leur domination – commerciale aujourd’hui, politique demain ?

Après s’être enfermés dans des discours de déni pendant d’interminables années, avec le concours d’«experts» prompts à chanter l’ode à la mondialisation heureuse, à caricaturer tout discours de protection et à invoquer la fatalité du libre-échange au sein de l’europe communautaire, nos gouvernants de droite, de gauche et du centre, entonnent comme un seul homme un hymne vibrant au «made in France» que leur action successive s’est pourtant méthodiquement acharnée à détruire.

Car il ne suffit pas de lancer quelques slogans tous les cinq ans pour renverser réellement les priorités et permettre, effectivement, à la France de remonter la pente du rétablissement industriel. L’élection présidentielle doit, sur ce terrain plus que tout autre, être l’occasion d’aller à la racine des problèmes, qui s’appelle en l’espèce déficit de compétitivité.

Certes, l’économie française souffre de handicaps qui lui sont propres : poids des charges, cherté du crédit, politiques inadaptées vers les tpe / pme, faiblesse des systèmes de formation continue, etc. mais tous les efforts qui ont été faits et pourraient l’être à l’avenir pour y remédier sont anéantis par un euro surévalué de 30 % et un contexte de libre-échange déloyal, où les travailleurs français affrontent des producteurs parfois payés trente fois moins qu’eux et enfermés dans de véritables camps de travail. En effet, comment courir le 100 mètres avec un boulet au pied ?

Le choix est simple :

  • soit on continue la logique actuelle en détricotant peu à peu notre système économique et social pour l’aligner sur celui de la Chine, ainsi que le font sans l’avouer nos gouvernants à travers des «réformes structurelles» et désormais les «politiques de convergence européenne», sorte de concours Lépine de la destruction systématique de la France des trente glorieuses et de ses acquis.
  • soit on recrée les conditions d’une compétitivité nationale, en rétablissant la loyauté des échanges commerciaux, ce qui passe notamment par l’imposition aux produits fabriqués hors de nos frontières des coûts économiques, sociaux et environnementaux auxquels est soumise notre propre production.

Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, il est tout à fait possible de relocaliser un million d’emplois en l’espace de 10 ans ce, grâce au protectionnisme intelligent. Il consiste à la fois à protéger la production nationale de la concurrence déloyale et à muscler les entreprises françaises.

Vous retrouverez les 10 mesures phares du projet protectionniste de Nicolas Dupont-Aignan dans le PDF ci-joint (cliquez-ici).

DEPÊCHE AFP

PETIT-COURONNE, 16 décembre 2011 (AFP) – Le candidat souverainiste à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, a défendu vendredi son projet protectionniste devant les salariés de la raffinerie Petroplus, à Petit-Couronne, où une restructuration des activités menace 120 emplois sur 550.
Devant environ 200 salariés, dont beaucoup portaient des chasubles jaunes de la CGT ou CFDT, le président de Debout la République (DLR) a dénoncé "un pétainisme ambiant" qui consisterait à "culpabiliser les Français" et à "les soumettre" aux cures d'austérité pour sauver l'euro, dont il réclame la fin.
Peu avant, devant des journalistes, il s'était revendiqué candidat de la "France libre" contre la "France occupée" de l'UMP et du PS.
Face aux ouvriers, le député, qui a quitté l'UMP en 2007, a expliqué que la défense des "acquis sociaux" passait par "un protectionnisme intelligent" aux frontières européennes, voire nationales. Dans son projet, il défend des droits de douane "par produit et par pays, pour empêcher la concurrence déloyale".
"Quand on impose une taxe sur les activités polluantes ici, si on ne la met pas aux frontières, c'est une prime à la délocalisation", a-t-il soutenu, en référence à la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes).
Le groupe suisse Petrolus a annoncé le 20 octobre une "reconfiguration" de la raffinerie qui inclurait l'arrêt de la fabrication d'huiles. Le projet pourrait concerner 120 des 550 salariés, mais selon un représentant de la CGT, Jean-Luc Bronté, "si on tape sur les huiles, c'est la raffinierie entière qui risque de fermer".
"Un pays sans industrie, c'est un pays qui crève", a lancé Nicolas Dupont-Aignan, "gaulliste social" revendiqué. Pour lui, "la crise de la dette, c'est pas une crise de la dépense, c'est une crise des recettes: quand il y a un million d'emplois qui disparaissent l'Etat n'a plus de recettes".
L'intersyndicale (CGT-CFDT-CFE/CGC) a appelé tous les candidats à l'élection présidentielle à venir s'exprimer devant les salariés, "à part (Marine) Le Pen, qu'on ne veut pas voir ici", a précisé Yvon Scornet (CGT). Le candidat du NPA, Philippe Poutou, était déjà passé le 2 décembre.
"Ca fait un peu bizarre de voir Nicolas Dupont-Aignan avec des drapeaux de la CGT autour", a commenté Yvon Scornet. Mais au grand plaisir du candidat, Jean-Luc Bronté (CGT) a rappelé au micro que "De Gaulle et les cocos (communistes, ndlr), après la guerre, ils ont relancé le pays".