Jean-Pierre Chevènement, personnalité estimée à Debout la République qui compte en son sein nombre d’anciens responsables Chevènementistes, a récemment annoncé se porter candidat pour 2012 afin de peser sur la gauche et faire bouger les lignes. Une démarche qui laisse songeur le Délégué National de Debout les Jeunes, Patrick Chambers, qui considère cette candidature comme une "erreur" de la part de l’ancien ministre et actuel sénateur français.
Candidature à l’élection présidentielle : la nouvelle erreur de Jean-Pierre Chevènement
Ainsi, Jean-Pierre Chevènement se lance dans la campagne présidentielle. Ne vous méprenez pas : c’est un homme de qualité, intelligent, cultivé, patriote, pour lequel j’ai le plus grand respect puisque je l’ai soutenu dans le passé.
Son dernier livre "La France est-elle finie ?" est d’ailleurs un ouvrage que je recommande à tous vivement. Et pourtant, je ne peux que regretter sa candidature, qui fait de facto un tort à la France, ce pays qu’il aime sincèrement. "L’enfer est pavé de bonnes intentions" dit-on… A n’en pas douter, la candidature de Jean-Pierre chevènement est pavée d’une erreur rédhibitoire.
Pourquoi cette candidature est-elle une erreur ? Et bien tout simplement parce que le projet que défend Chevènement est déjà porté politiquement et médiatiquement par un autre candidat qui commence à grandir : Nicolas Dupont-Aignan. Peut-être existe-t-il entre ces deux hommes quelques points de divergences sur l’accessoire, mais ne nous y trompons pas : la relocalisation de nos industries, la lutte contre la concurrence déloyale par la mise en place d’un protectionnisme européen sélectif, le refus d’un euro trop cher, le retour d’une Ecole Républicaine garantissant l’égalité des chances, la sauvegarde de nos services publics, la justice sociale, le maintien de nos capacités de Défense Nationale… toutes ces belles idées, mises en pièces par les politiques menées par la gauche et la droite libérales-mondialistes depuis des décennies, sont déjà défendues avec force et courage par Nicolas Dupont-Aignan.
Par définition, une deuxième candidature – qui plus est plus marquée politiquement car bienveillante à l’égard du PS – avec un projet si proche de celui du président de Debout la République ne pourra que diviser le camp des patriotes, alors que tout l’héritage du gaullisme nous apprend qu’il n’est de salut que dans l’union et le rassemblement de tous les français.
La candidature de Jean-Pierre Chevènement affaiblit donc les idées auxquels il croit pourtant sincèrement.
En outre, il évident que ce rassemblement dont la France a tant besoin ne peut se faire que derrière Nicolas Dupont-Aignan. Je vois au moins une raison fondamentale à cela : il s’agit de l’indépendance !
L’indépendance notamment vis-à-vis des forces de régression que sont l’UMP et le PS. Nicolas Dupont-Aignan et son mouvement Debout la République se sont dégagés dès 2007 de toutes les tutelles des partis qui ne défendent plus l’intérêt général. Ne comptez pas sur lui pour lancer en 2012 des appels à un vote qui serait contraire aux idéaux que nous défendons ! Or, M. Chevènement lui, régulièrement ministre de gouvernements "socialistes" depuis 1981, semble croire depuis plus de trois décennies qu’il est utile de se mettre systématiquement à la remorque du PS, avec comme alibi celui de le faire changer "de l’intérieur".
En pratique, M. Chevènement a toujours soutenu en dernier ressort les "socialistes" – y compris contre le camp patriotique – et il appelle encore aujourd’hui à faire gagner "la gauche". En fait, Jean-Pierre Chevènement est dépassé par la recomposition politique qui s’ouvre, et il semble toujours prisonnier d’un schéma gauche/droite obsolète à l’heure de la mondialisation : avec pour preuve la campagne du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, le vote des plans successifs d’aide financière aux banques (et non pas à la Grèce) de ces derniers mois, ou le consensus UMP/PS sur la "rigueur" prétendument "nécessaire". Tout le monde sait que M. Chevènement appellera à voter pour le candidat PS au second tour de l’élection présidentielle. Et tout le monde sait qu’un président issu du Parti Socialiste arrivant au pouvoir trahira instantanément tout ce en quoi M. Chevènement croit au profit de la mondialisation et de l’Europe fédérale que défend François Hollande. Voilà le paradoxe de cette candidature. Voilà son inutilité.
En résumé, M. Chevènement totalise plus de trente années de vie politique marquées par des prises de position très justes, des analyses pertinentes… mais avec peu de résultat. Trente années d’échec, de la part d’un homme pour qui j’ai le plus grand respect. Mais qui se révèle malheureusement un mauvais stratège politique.
Patrick Chambers
Délégué national Debout les Jeunes