Ce jeudi 17 juin 2021, Madame Sophie CLUZEL, secrétaire d’Etat au handicap, a dans un premier temps défendu à l’Assemblée avec « fierté » son bilan de quatre ans.
Je la rejoins sur deux points :
– Augmentation de 12 % de l’allocation adulte handicapée ( on notera cependant 25 % d’augmentation lors du quinquennat de M. Nicolas SARKOZY).
– Droit à vie pour les personnes à handicap irréversible ( plus besoin de renouveler son dossier auprès de la MDA – Maison Départementale de l’Autonomie).
Tout le reste de son discours n’est pour moi, que communication, commentaires (d’évidences) autosatisfaction, contre-vérité, propagande sur des acquis antérieurs à ce gouvernement et enfin quelques mesurettes.
La secrétaire d’Etat au handicap a d’autre part omis quelques détails.
– Le handicap est pour la quatrième année consécutive en France la première cause de discriminations.
– Le candidat M. E. MACRON lors des Présidentielles 2017 avait promis de passer l’AAH au-dessus du seuil de pauvreté. Promesse non tenue !
– L’AAH n’est plus indexée sur le coût de la vie. En 2021, son augmentation a été de 0.1% soit 90 centimes de plus par mois !
– Baisse en novembre 2019 du plafond de ressources d’environ 1 000 €.
– Suppression de l’allocation « complément de ressources » accordée aux personnes à handicap lourd (- 75 €).
– Gel de l’AAH pour un couple bénéficiant tous les deux de l’AAH. Baisse du pouvoir d’achat de plusieurs dizaines d’€uros.
– Loi ELAN : 10 % de logements pour les personnes à mobilité réduite contre 100 % avant cette loi de la majorité.
Voici une partie de la face cachée du bilan Macronien.
Jamais sous la cinquième République, les acquis pour les personnes handicapées n’avaient été supprimés.
Le candidat Emanuel Macron avait pourtant fait de sa « carte blanche » le handicap.
Nous sommes plus proche d’une « copie blanche » !
Après l’intervention de Mme CLUZEL, humiliante pour les personnes en situation de handicap, Nicolas DUPONT-AIGNAN prenait la parole en fustigeant la majorité et lui demandait d’entendre les cris, les appels des personnes en situation de handicap qui vivent (ou plutôt survivent) en dessous du seuil de pauvreté !
Pour rappel, M. Nicolas DUPONT-AIGNAN a proposé une loi encore plus complète en novembre 2020 pour l’autonomie des personnes handicapées.
La proposition de loi visant notamment à exclure les revenus des conjoints dans le calcul de l’AAH était donc de retour à l’Assemblée Nationale ce jeudi 17 juin 2021.
Elle avait été adoptée en première lecture à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Elle était soutenue par de nombreux députés et réclamée depuis de nombreuses années par les associations.
Cependant, le 9 juin, en commission des Affaires sociales à l’Assemblée, les députés de la majorité ont détricoté la mesure. Ils ont supprimé tous les amendements et les ont remplacés par « un abattement forfaitaire ».
Suite à cette nouvelle version, de nombreux amendements ont été déposés par les députés de droite comme de gauche, pour rétablir la version sénatoriale du texte.
Cependant, dans l’hémicycle, Sophie Cluzel a maintenu sa position. Le gouvernement et elle restent opposés à cette mesure.
Aussi voyant la mobilisation de nombreux députés de l’opposition, elle a préféré le passage en force au dialogue et a ainsi eu recours au vote bloqué, provoquant la colère des députés de tous bords.
Nicolas Dupont-Aignan, accompagné d’une centaine de députés, ont quitté l’hémicycle.
Il s’est aussitôt exprimé : « Je me bats contre ce gouvernement. C’est scandaleux ».
Les arguments de Mme Cluzel sur son refus de la loi n° 3970 concernant la déconjugalisation n’ont cessé d’évoluer.
L’AAH (allocation adulte handicapée) est bien plus élevée que le RSA.
Comment peut-on comparer une personne qui ne peut plus ou très peu travailler du fait de son handicap à une personne qui ne trouve pas un emploi !
Et Mme CLUZEL oublie les nombreux avantages dont ne bénéficient pas les personnes handicapées au contraire de celles bénéficiant du RSA.
Coup de l’opération trop élevé (estimation 560 millions d’euros)
Debout la France a une multitude de solutions pour budgéter cette dépense (Ex : AME).
Il y aurait également des problèmes informatiques !
Pour moi le débat de savoir si l’AAH est ou n’est pas un minimum social ne se situe pas là.
Il faudrait plutôt ne pas comparer une personne valide qui perçoit le RSA à une personne handicapée qui ne peut exercer pleinement un emploi.
L’entêtement d’Emmanuel MACRON à ne pas vouloir déconjugaliser les revenus du conjoint est peut-être tout autre.
En effet, un document remis le 14 septembre 2020 préconise de faire des économies à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros sur l’AAH. Le calendrier serait même déjà fixé…
Etant moi-même une personne handicapée, je me sens humilié par E. MACRON, par Sophie CLUZEL, par ses députés « godillots » et par ce gouvernement.
Mais en tant que Délégué national pour la dignité des personnes en situation de handicap à Debout la France, pour moi le combat continue !
Je termine par un constat et non une critique :
Mme CLUZEL peut-elle vraiment nous représenter alors qu’elle n’est absolument pas touchée directement par un handicap et qu’elle perçoit une « paie de Ministre » (méritée toutefois).
Ne vivant pas sous le seuil de pauvreté elle ne peut comprendre le vécu d’une personne ayant un handicap 24 h sur 24 !
Debout la France met plus que jamais au cœur de son projet politique la dignité des personnes en situation de handicap.
Erick Damaisin
Délégué national pour la dignité des personnes en situation de handicap.