« Sept jours de fête pour une libération[1]. »
Cette libération, que le quotidien homonyme annonçait à sa une le 18 avril 1975, faisait référence à l’entrée des Khmers rouges dans Phnom Penh. Elle allait en réalité être la cause de la disparition d’un Cambodgien sur six, froidement assassiné par les hordes de Pol Pot et de ses acolytes formés en France dans les mêmes cellules communistes qui virent passer Chou En Lai ou Ho Chi Minh. Ce génocide démontre, s’il en était besoin, que l’aveuglement idéologique mène à des comportements sectaires et dangereux, pouvant dégénérer en régimes totalitaires.
Pendant quatre années d’horreur absolue, les villes allaient être vidées de leurs habitants et la classe moyenne exterminée. Passer pour un intellectuel du simple fait de parler une langue étrangère ou de porter des lunettes valait condamnation à mort[2].
Pendant plus d’un siècle, la péninsule indochinoise aura connu la colonisation française ; l’occupation japonaise et la famine de 1945 qui fit entre 600 000 et un million de morts[3] ; la guerre d’Indochine puis celle du Vietnam jusqu’en 1975 avec son déluge de bombes et de défoliant causant la mort de près de quatre millions de personnes[4] ; la terreur rouge au Cambodge jusqu’en 1979 responsable de deux millions de morts ; les guerres vietnamo-cambodgienne et sino-vietnamienne déclenchant l’exil de plus d’un million de boat people[5] qui ne devait s’arrêter qu’à la fin des années 80.
Et pourtant, en dépit de toutes ces sujétions et dévastations, le PIB du Vietnam est aujourd’hui supérieur à celui du Portugal, celui du Cambodge dépasse celui du Sénégal, leurs relations avec l’ancienne puissance coloniale sont apaisées et l’intégration de leurs ressortissants en France ne pose aucun problème.
Quelles conclusions peut-on dès lors en tirer ?
Tout d’abord qu’il faut laisser l’Histoire aux historiens et que son instrumentalisation ne sert jamais les intérêts de la paix et de la réconciliation entre les peuples, mais prépare au contraire les conflits de demain.
Que s’il faut regarder le passé en face en s’abstenant de le confronter aux valeurs d’aujourd’hui, il ne faut jamais se laisser tirer en arrière par des idéologies dont l’apparente moralité cache mal la nocivité politique.
Qu’il faut enfin, ainsi que Debout La France le préconise depuis des années, sortir de l’impasse de la repentance et de la culpabilisation postcoloniale par un dialogue franc pour aller de l’avant et défendre nos intérêts communs.
Jean-Marc Chipot
Délégué national adjoint aux affaires étrangères
Secrétaire départemental des Alpes-Maritimes