« Votre médecin traitant est celui qui vous soigne régulièrement. C’est lui que vous consultez en premier pour un avis sur votre santé, qui s’assure que votre suivi médical est optimal. Il est votre interlocuteur privilégié, il connait et gère votre dossier médical, il centralise toutes les informations concernant vos soins et votre état de santé, il assure une prévention personnalisée : suivi de la vaccination, examens de dépistage ». (Cf. site AMELI)
Le médecin traitant est donc au cœur du dispositif du parcours de soins puisqu’il est l’interlocuteur du patient et assure la coordination des soins de ce dernier.
Or, qu’est-il devenu durant cette crise sanitaire ? Que constatons-nous ?
Force est de constater que le médecin généraliste a vu passer dans son cabinet 95 % des personnes malades du COVID.
Or, qui lui a demandé ce qu’il avait constaté sur le terrain ? Ce qu’il avait recueilli comme symptômes ? Quels traitements il avait prescrits ? Quelle avait été l’évolution de ses patients ? Quel pourcentage de ces derniers avait été hospitalisé ?
Comment peut-on espérer gérer une crise sanitaire aussi nouvelle, inconnue et d’une telle envergure, sans demander aux « guerriers » qui sont en première ligne leur vécu du terrain au contact des malades ?
– N’est-il pas passionnant de voir l’efficacité de certains traitements qu’on nous interdit pourtant de prescrire ?….alors, qu’ils évitent de basculer vers une aggravation et donc conduire à la saturation inévitable des hôpitaux.
– N’est-il pas passionnant d’entendre les patients nous décrire leurs douleurs musculaires de courbatures (car oui, la Covid peut être très douloureuse) et ressembler aux mêmes symptômes que ceux de le dengue, entraînant une impossibilité de marcher ? Ou, nous décrire des symptômes très particuliers comme un goût d’encre dans la bouche ou une impossibilité de manger quasi mécanique entraînant une perte de poids rapide ? Ces symptômes différents de la perte de goût et d’odorat qu’on enregistrait durant la première vague de l’épidémie.
– N’est-il pas passionnant de voir qu’un patient d’origine africaine connaît une spectaculaire amélioration de son état par traitement à l’Hydroxychloroquine, complètement sans danger chez lui, qui en a consommé toute sa vie ?
– N’est-il pas passionnant de revoir un patient transformé en 48 heures par l’Ivermectine , qui plus est avec un test PCR négativé ?
Non, cela n’a intéressé personne…or, tout médecin traitant pratique la sémiologie (c’est à dire l’étude des symptômes), et examine ses malades, car tous sont différents.
Le médecin vit une médecine de terrain humaine – il n’est pas dans un monde virtuel de modélisation qui échappe ainsi à toute réalité, conduisant à un état d’urgence sanitaire qui met la population sous contrainte.
Pire, on a tout fait pour nous écarter de nos patients en leur disant :« restez chez vous et attendez de ne plus pouvoir respirer pour faire le 15 ». On nous a donc empêcher de les soigner, puisque nous ne savions même pas qu’ils étaient malades ! ! Dans ces conditions, le médecin traitant n’est plus là pour examiner, ni pour traiter ! et n’est donc plus considéré comme au cœur du dispositif du parcours de soins. Le médecin « traitant » ne « traite » plus !
Le Plaquénil a été interdit- une première dans l’histoire de la médecine- comment a-t-on pu interdire à un médecin de prescrire et à un pharmacien de délivrer une prescription ?
Ce même médecin traitant que l’on s’est abstenu de convier aux réunions de cellules de crise au niveau des municipalités ou des intercommunalités ou même au niveau des ARS, malgré les multiples demandes; seul l’hôpital a participé à ses réunions……
Il n’a pas son mot à dire pour prioriser les masques et surtout pouvoir prescrire des masques FFP2 plus protecteurs, mais non pris en charge par la sécurité sociale à ses patients fragiles..: Quelle souffrance pour moi de voir arriver dans mon cabinet un patient sous chimio pour un cancer ou sous immunosuppresseur pour une sclérose en plaques avec un vulgaire masque en tissu en pleine épidémie !! Aberrant !
Il n’a toujours pas son mot à dire pour l’organisation de la vaccination où c’est souvent premier arrivé, premier servi ; la logistique a voulu que ce soit les communes ou intercommunalités qui convient les gens à aller se faire vacciner sans bien sûr connaitre le dossier médical ni même savoir si la sérologie est positive chez un patient ayant été malade ..
J’ai vu arriver dans mon cabinet un patient obèse, diabétique, hypertendu venir demander pourquoi il n’est toujours pas convoqué, malgré ses demandes répétées ? et finir par aller se faire vacciner à l’autre bout du département !
Alors, qu’il est évident qu’il appartient aux médecins traitants d’envoyer en priorité leurs patients fragiles et donc à eux d’être au cœur du dispositif.
De plus, toutes les structures administratives (sécu, ars , commune ou communautés de communes ) savent qui est vacciné ….sauf,…le médecin traitant ! Alors que c’est lui qui « assure une prévention personnalisée » ; cela n’est-il pas un premier fichage sanitaire ?
C’est le médecin traitant qui gère ensuite les éventuels effets secondaires indésirables. J’ai eu une patiente sans pathologie particulière venir me voir pour une suspicion d’embolie pulmonaire – et qui s’est révélé être le bon diagnostic -; ou bien des patients avec des situations très inflammatoires au niveau des points de piqure ou encore des Covid graves…. et, me dire, en fin de consultation, qu’ils avaient été vaccinés 3 jours avant ! Alors, que je l’ignorais complètement !
Sans affirmer qu’il y a un lien de cause à effet, on peut quand même se poser la question et on doit déclarer l’effet indésirable….
Il y a fort à penser, d’ailleurs, que tous ces effets indésirables ne seront jamais enregistrés, et resteront donc surement très sous-évalués.
Le médecin traitant est le premier consulté ? Que dire alors de cette ubérisation de la santé que nous constatons maintenant ? Pour éviter les salles d’attente ou par paresse, les patients nous font des infidélités par des téléconsultations de qualité très médiocres pratiquées par des médecins à l’autre bout de la France qui ne les connaissent pas, sans aucun examen bien sûr et aboutissant à des ordonnances de Doliprane; nous revoyons ces patients deux jours après au cabinet et nous ne disposons d’aucun compte-rendu…
Le médecin traitant est là pour inciter ses patients à réaliser les tests de dépistage pour la prévention des cancers : 93 000 diagnostics n’ont pas été réalisés en 2020 !
Ce mois de mars « MARS BLEU » est le mois consacré à la prévention et au dépistage du cancer du colon qui est la 2ème cause de mortalité par cancer en France. Il tue encore 17 000 personnes par an, en 2020, 43 000 personnes ont été touchées par les cancers colo-rectaux. Personnellement, j’ai insisté auprès d’un patient pour qu’il fasse son hémocult qu’il ne faisait jamais – il s’agit d’un test facile à réaliser chez soi et pris en charge par la sécu – le résultat de son test s’est révélé positif et il avait développé un cancer du côlon déjà bien avancé, sans aucun symptôme, opéré rapidement : ce test lui a sauvé la vie !
Car, ce cancer, détecté tôt, peut être guéri 9 fois sur 10.
Alors, pour les plus de 50 ans, allez voir votre médecin traitant pour vous faire dépister !… (N’oublions pas également la mammographie….).
De même, pour les détections du Sida : la lutte contre cette maladie ne peut pas attendre ; la crise sanitaire a causé une chute du dépistage du VIH et un risque de reprise de l’épidémie.
Je voudrais saluer et féliciter, au nom de Debout la France et en mon nom propre, tous mes confrères généralistes qui ont soigné, rassuré, dépisté suivi à domicile….merci à eux d’avoir affronté le danger, la maladie, l’incertitude quotidienne, le manque de moyens, les incohérences incessantes, le manque de reconnaissance pour cette mission au service de la population.
Vous êtes fidèles au serment d’Hippocrate : « Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments physiques et mentaux, individuels et sociaux »
Véronique Rogez
Médecin généraliste
Déléguée nationale à la Santé