Engagé dans une valse à trois temps avec les États-Unis et le groupe des E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni), voici plusieurs semaines que l’Iran cherche à profiter de la passation de pouvoir américaine pour se soulager du poids des sanctions qui la frappent.
Après avoir demandé à Washington de faire le premier pas, le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif avait lâché du lest le 1er février en demandant à son homologue européen Josep Borrell de jouer les intermédiaires auprès de l’administration Biden pour lui proposer un processus synchronisé consistant en une levée progressive des sanctions contre un retour de la République islamique dans les clous de l’accord de Vienne sur le nucléaire (PAGC : Plan d’action global commun conclu entre l’Iran, les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni).
Constatant que l’Iran produisait de l’uranium métallique en violation du PAGC et que cette production constituait « une étape clé dans le développement d’une arme nucléaire », les ministres du E3 exigeaient le vendredi 12 février de Téhéran l’arrêt immédiat de cette production et le respect de ses engagements nucléaires.
Ce sera la fin de non-recevoir du Secrétaire d’État Antony Blinken à la proposition de Javad Zarif qui déclenchera le lundi (15) suivant l’annonce par l’Iran de mettre un terme au droit d’inspection sans préavis qu’il consentait à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique, basée à Vienne) et à la transparence volontaire relative à ses activités nucléaires selon les termes du PAGC et de son protocole additionnel.
Cette passe d’armes diplomatique pétrie d’arrière-pensées de part et d’autre met en lumière l’absolue nécessité d’un retour au dialogue pour éloigner toute perspective d’aventure conflictuelle, sans rien lâcher pour autant sur l’interdiction formelle faite à l’Iran d’enrichir du plutonium au-delà du strict nécessaire pour une utilisation civile.
Un proverbe persan dit que « le serpent change de peau, mais non de nature. » C’est aujourd’hui à la République islamique qu’il incombe de faire preuve de sa bonne foi et de son changement de nature pour ouvrir une nouvelle ère de négociations indispensable à la paix du monde. Il est d’ailleurs fort possible qu’il s’agisse de sa dernière opportunité avant longtemps.
Jean-Marc Chipot
Délégué national adjoint aux Affaires étrangères
Secrétaire départemental des Alpes-Maritimes