L’eau représente 60 % du corps humain. Notre foie, notre cœur, notre cerveau, notre sang, nos muscles, nos reins, nos poumons contiennent entre 71% et 83% d’eau. L’eau est donc un élément essentiel et précieux à notre vie.
Nous sommes tous, au quotidien, amenés à consommer l’eau du robinet, pour nos boissons chaudes, nos potages, la cuisson de nos aliments, légumes, pâtes, riz…
Nos gouvernements cherchent à nous rassurer sur sa consommation, des contrôles et des normes sanitaires existent, mais sommes-nous réellement bien informés ?
L’eau du robinet avant d’arriver à notre domicile est traitée dans nos stations d’épuration, par des techniques physiques ou chimiques, filtration, tamisage…
Des techniques de filtration qui ne filtrent cependant pas tout, et l’eau du robinet peut contenir des produits chimiques comme des nitrates, des pesticides, des résidus médicamenteux.
Des résidus médicamenteux à usage vétérinaire ou humain. Ceux à usage humain proviennent des eaux usées, des hôpitaux et des centres de soins (traitements anti cancéreux…) et de la consommation de médicaments des citoyens – antibiotiques, pilules contraceptives, traitements hormonaux… Il faut savoir que la France est le 5e pays, avec le plus gros marché dans le monde de consommation de médicaments (juillet 2019).
D’après le professeur J. F Narbonne, grand expert toxicologue, ces résidus médicamenteux altèrent notre système hormonal et notre flore intestinale.
En 2018, le Professeur J.F. Férard, de l’Université de Metz, a mené une *étude sur la toxicité de certaines substances médicamenteuses dans l’eau du robinet.
*29 mars 2018 – Professeur J.F. FÉRARD, Université de Metz … Toxicité de substances médicamenteuses sur le modèle hydre. … Étude de la toxicite du nonylphenol chez l’embryon (article 2) … Toxicité de divers produits chimiques évaluée avec le test hydre. … l’eau du robinet, puis avec du milieu hydre.
Autre article sur le sujet, par Sophie Pachura–Bouchet. Thèse de doctorat en Sciences.
En outre, avant d’arriver à notre domicile, l’eau du robinet subit une dernière opération consistant à rajouter du chlore. Ce n’est pourtant pas anodin pour notre santé.
La chloration de l’eau entraîne des réactions chimiques, ce sont des sous-produits de chloration, les SPC. Les plus souvent rencontrés sont les trihalométhanes (THM), fortement soupçonnés d’être cancérigènes ou encore d’entraîner des fausses couches :
- – Cancer de la vessie, plusieurs rapports à ce sujet :
Deux de Santé Publique France, en 2017 – (1) – (2)
Et un autre du CIRC, (Centre International de Recherche sur le Cancer) au Canada – (3)
- – Fausses-couches / défauts de naissance :
Étude de chercheurs anglais – (4)
Étude de chercheurs norvégiens – (5)
(1) Évaluation quantitative de l’impact sanitaire des sous-produits de chloration dans l’eau destinée à la consommation humaine en France
(2) Relation entre l’incidence des cancers de la vessie et l’exposition aux sous-produits de la chloration présents dans l’eau du robinet
(3) Government of Canada : Drinking Water Chlorination
(4) Tuthill RW, Giusti RA, Moore GS, Calabrese EJ. “Health effects among newborns after prenatal exposure to ClO2- disinfected drinking water”, Environ Health Perspect., 1982
(5) Risk of Specific Birth Defects in Relation to Chlorination and the Amount of Natural Organic Matter in the Water Supply, Bing-Fang Hwang, Per Magnus, Jouni J. K. Jaakkola, 2002
D’autre part, les Français, sont de grands adeptes de l’eau minérale. Nous faisons partie des 5 plus gros consommateurs, au monde (2020), de bouteilles d’eau minérale, en bouteilles plastique.
La France, ce sont 9,3 milliards de litres d’eau en bouteille plastique consommés chaque année. Cependant, là encore, nous ne sommes pas informés sur tout ce que ces bouteilles d’eau contiennent.
Cette eau minérale contient des micro plastiques dans 93 % des cas sur 11 marques analysées :
Dolypropylène, nylon, *PET. De petites particules susceptibles de passer dans la circulation.
Etude – Orb Media (Microplastics found in global bottled water, mars 2018).
*(Des bouteilles fabriquées à partir de composés chimiques, appelés *PET/PETE (Polytéréphtalate d’éthylène).
Ils renferment des perturbateurs endocriniens, (comme le trioxyde d’antimoine), lesquels, génèrent des dysfonctionnements hormonaux et peuvent avoir des conséquences néfastes. D’après des revues scientifiques :
Baisse de la fertilité, atrophie testiculaire, malformation congénitale, voire mortalité chez le fœtus.
Etude – Les Plastiques Contenant Des Perturbateurs Endocriniens Dont Le Risque A Été Prouvé (INRS).
Sans oublier que l’impact de ces bouteilles est dramatique pour l’environnement. Chaque jour en France, seule la moitié des 25 millions de bouteilles en plastique qui sont jetées, sont recyclées.
Pour conclure, beaucoup de Français se sentent aujourd’hui interpellés par la pollution alarmante des emballages plastique et par conséquent par l’usage des bouteilles d’eau en plastique. Conscients de l’impact, ils seraient prêts à faire évoluer leurs consommations vers l’achat de bouteilles d’eau en bouteilles de verre. Cependant, la France ne propose pas aux consommateurs, cette alternative. Les Français ne trouvent pas d’eau en bouteille de verre, dans le commerce, ou alors de façon très sporadique. Et pourtant, c’est une voie possible, avec l’explosion du ‘drive’.
A quand une véritable et complète information sur l’eau que nous buvons ?
Qu’attendent les dirigeants politiques de notre pays et ceux de l’UE pour exiger de la part des puissants lobbies des eaux minérales, la récupération et le recyclage de leurs bouteilles plastique ? Et des modes de conditionnement plus respectueux de la santé et de l’environnement ?
A quand un plan Français ambitieux, afin d’offrir aux consommateurs, la possibilité de consommer de l’eau minérale en bouteilles de verre ?
Hélas, on constate non seulement « l’omerta » sur la mauvaise qualité de l’eau, mais aussi que la France et l’Union Européenne favorisent le lobbying, aux dépens de la santé des peuples et de la préservation de son milieu.
Valérie Caudron
Déléguée nationale adjointe à la qualité alimentaire