A écouter l’U.E par la voix de Mr Junker en Juin 2019 dixit « c’est un moment historique basé sur des règles avec des retombées positives pour l’environnement et les consommateurs » comme si échanger des pièces automobiles, des voitures contre du soja, de la viande au dessus de l’Atlantique est le reflet d’un acte écologique.
Depuis l’Allemagne a repris les rennes de la présidence de l’UE et appuie de tout son poids tant ses secteurs de l’ingénierie mécanique et de la chimie profiteront de l’assouplissement des règles de douane. En retour les marchandises exportées du Mercosur verront leurs quotas exploser, il s’agit principalement de la volaille, de la viande bovine, de sucre et d’éthanol issu du sucre de canne, et il est bien là le problème. Non seulement ces produits sont directement responsables de la déforestation massive, qui a explosé depuis l’arrivée de Mr Bolsonaro, il suffit de mettre en parallèle son élection et la recrudescence des incendies de la forêt amazonienne, mais il est en plus vecteur d’émission de gaz à effet de serre et de déplacement et violation des droits des tribus qui vivent de cette même forêt.
Aujourd’hui 70% de nos importations en provenance du Mercosur sont d’origine agricole. Avec l’augmentation des quotas de ce traité, c’est devant un recours massif à l’exploitation de la terre avec toutes les dérives que nous connaissons et dont nous sommes en partie responsables. En cause et pour commencer la canne à sucre pour l’éthanol, le soja qui entre dans la nourriture des bovins dont la surface d’exploitation s’étend au point de repousser les pâturages vers le nord et par conséquence et augmentation des quotas de viande, une déforestation accrue.
L’accord favorise également un risque important de dégradation de la sécurité et qualité alimentaire. En cause l’usage de produits chimiques, pesticides dont certains sont interdits en U.E ou pas autorisés, sans aucun contrôle contraignant, la manipulation de ces produits extrêmement toxiques a causé le décès de 7200 personnes ces 10 dernières années au Brésil. La suppression des droits de douane à l’importation n’arrange rien, sauf pour les entreprises allemandes, BASF et Bayer, principales productrices de ces produits. L’absence de mesures de contrôles efficaces ou d’interdictions tant au Mercosur qu’en U.E place l’ensemble de la population européenne face à un risque alimentaire majeur, nous allons consommer des pesticides interdits sur notre sol !
Dans le secteur des matières premières minières et énergétiques déjà largement pourvoyeur de risques écologiques comme humains, le Mercosur, avec son augmentation de flux de marchandises, répondra aux exigences des entreprises européennes, extractions et investissement iront de pair, mais à quel prix ? Destruction des sols, là aussi pollution et violation des droits humains et toujours absence de contrôles contraignants, et que dire de notre U.E qui refuse d’appliquer une possible restriction sur la production de certain produit comme le minerai de fer, si cher à …l’Allemagne puisqu’elle importe plus de la moitié de ses besoins du Brésil et ce quoi qu’il arrive. Rappelons-nous Janvier 2019 Brumadinho, 272 décès, village détruit et rivière polluée par une coulée de résidus miniers. Le contexte, le groupe Vale exploite une mine, une digue à rejets s’effondre.
- – La Deutsche Bank a des participations dans Vale, elle octroya un prêt pour la construction de la digue par une filiale brésilienne de Thyssen (soc allemande)
- – En Septembre 2018 un audit allemand, fait par la société TÜV SÜD, certifie la solidité du barrage
- – Le 25 Janvier 2019 la digue se fracture.
Et enfin Vale exporte vers l’Europe et un de ses clients se nomme ThyssenKrupp.
L’accord UE-Mercosur ne satisfait pas à l’exigence des règles de commerce moderne. Outre la tragédie humaine et environnementale aux pays du Mercosur, c’est aussi fragiliser voire détruire notre mode agricole, déjà malmené, par l’importation massive détaxée et accompagnée d’un grave danger alimentaire par l’usage de produits chimiques interdits sur notre sol. L’absence totale de contrôles contraignants avec sanctions garantissant la production, les chaines d’approvisionnement, l’environnement et le droit du sol aux tribus autochtones repousse toute signature d’accord. Rien n’est prévu pour contrer les multiples violations qui jalonnent ce projet et qui plus est l’UE ne diffuse que des brides d’informations tronquées de l’essentiel et ne considère que modérément son impact sur un développement durable ce qui renforce une position de rejet que tout être humain responsable se doit de prendre.
Jean-Marc Gateau