Mediapart a révélé hier le double-jeu de l’Etat au Conseil d’Administration d’Engie lors du vote sur la cession de ses parts dans Suez à Véolia alors que cette dernière a lancé une OPA hostile sur son concurrent.
Alors que le Ministre de l’Economie Bruno Lemaire a officiellement fait voter les représentants de l’Etat au Conseil d’Administration d’Engie contre cette décision, Mediapart indique que l’Elysée serait intervenu pour décourager les administrateurs de la CFDT de participer au vote et de s’opposer à la cession. Pire encore, ce serait Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée qui serait intervenu, individu déjà mis en cause pour conflits d’intérêts dans la gestion du dossier des chantiers navals STX.
Ces révélations confirment les propos de la lettre ouverte d’Arnaud Montebourg à Jean Castex qui a dénoncé une opération qui mènera à la “revente et à la dispersion de 75% des activités de Suez en France” et qui “ressemble à une distribution oligarchique d’avantages dans un cercle restreint d’amis privilégiés du pouvoir“.
Au-delà de ces pratiques douteuses, la création d’un quasi-monopole de la gestion des déchets, des transports locaux et de l’énergie est une absurdité totale. Si DLF a toujours soutenu des champions industriels français d’envergure mondiale qui sont hélas interdits par la Commission Européenne, le cas de la fusion Véolia-Suez va créer un vrai risque de monopole privé.
Aussi, le maintien d’une concurrence dans le domaine des services est une nécessité pour éviter la mainmise d’une multinationale sur les marchés publics qui conduirait à une augmentation du prix de l’eau, de la gestion des déchets et des transports. D’ailleurs, en dehors de belles paroles, ni la direction de Véolia ni le gouvernement n’ont pris d’engagements concrets sur la garantie de l’emploi.
Au lieu de privilégier en coulisse Véolia sur Suez, le gouvernement devrait les encourager à créer des partenariats internationaux pour peser sur les marchés étrangers sans pour autant détruire la concurrence dans les appels d’offre en France. Une fois encore, le bon sens, le pragmatisme et le patriotisme économique sont les clés de la réussite.
Debout la France demande la suspension immédiate de l’OPA de Véolia sur Suez qui impliquerait des pratiques contraires à l’intérêt des Français et des salariés. Nous exigeons une nouvelle fois, à l’image de ce que nous avions demandé après les scandales Asltom, Alcatel, Technip ou Lafarge, qu’une commission « mains propres » fasse enfin le ménage dans les conflits d’intérêts qui détruisent les fleurons économiques français.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France