Retrouvez l’intervention au Sénat de Claudine Kauffmann, sénatrice DLF, sur la PPL consistant à offrir des chèques-vacances au personnel soignant en reconnaissance de leur action durant l’épidémie du Covid19 !
“Si j’ai toujours manifesté mon soutien aux personnels engagés dans la lutte contre la pandémie de Covid19, je n’en trouve pas moins futile de débattre du sujet qui nous occupe aujourd’hui.
Certes, l’initiative visant à offrir des chèques-vacances à ces professionnels, lesquels se sont une fois encore signalés par un dévouement exemplaire, est sympathique.
Sympathique également la proposition visant à leur remettre une médaille. Après tout, pourquoi pas ?
Pour autant, cela ne doit pas occulter la situation des personnels soignants. En effet, à toute chose malheur est bon. La Covid19 aura permis de porter sous une lumière aveuglante le grand dénuement de nos services de santé, leurs conditions de travail impossibles ainsi qu’une carence en matériels inqualifiable.
Notre pays, qui demeure pourtant encore la sixième puissance économique mondiale, s’est révélé dépassé par l’ampleur de la pandémie, témoignant ainsi de sa totale impréparation. Considérant ce qui précède, d’aucuns ont placé notre système de santé au niveau d’un pays en voie de développement.
Comment pourrait-il en être autrement ? La désertification médicale qui frappe des pans entiers de notre territoire n’est que la partie émergée de la déliquescence de notre système de santé.
Manque de personnels …
manque de lits …
manque de respirateurs …
manque de masques …
manque de médicaments … Quant à ces derniers, nos compatriotes ont appris, médusés, que 80% d’entre eux étaient produits en Chine et en Inde. La France a sciemment sacrifié son indépendance sanitaire sur l’autel du profit de quelques entreprises industrielles.
Et pendant ce temps-là, ceux que l’on qualifie de “héros du quotidien” peinent à boucler leurs fins de mois.
Je rappelle à dessein les propos d’une aide-soignante, interrogées voici peu par le journaliste Jean-Jacques Bourdin, laquelle révélait percevoir 1300 euros par mois, primes incluses, au terme de dix ans d’ancienneté.
Ainsi donc, à la pénibilité du travail, aux risques de contagion, aux horaires décalés et à la vie de famille sacrifiée, il faut adjoindre une rémunération indigne. C’est scandaleux !
Ce débat sur le don de chèques-vacances n’est qu’un habile moyen de détourner l’attention des uns pour exonérer les autres de leurs responsabilités.
Cependant, nos compatriotes ne sont pas dupes. Ils savent désormais que notre système de santé a un urgent besoin d’investissements et de personnels.
“L’hôpital” est considéré depuis trop longtemps comme une variable d’ajustement du budget national.
Si une gestion éclairée est souhaitable, il n’en faut pas moins se souvenir que la santé des Français doit primer avant quelconque considération financière.
Sans naïveté et avec le discernement utile, je soutiens cette disposition permettant d’offrir des chèques-vacances à nos soignants.
Je souhaite néanmoins que l’on accorde enfin à ceux-ci la considération et les moyens qu’ils méritent.
Souvenons-nous que ce sont eux qui constituaient la première ligne face à la pandémie et non des laboratoires avides de bénéfices.
Dans sa grande sagesse, Michel de Montaigne écrivait voici longtemps “le profit de l’un est le dommage de l’autre”.
Voici résumée la situation de notre système de santé !”