L’obtention du diplôme le plus élevé de l’université ouvre-t-il aisément les portes de l’emploi ou est-ce que le parcours du combattant commence ?
Des études sont publiées et on dénombre 10 % de chômeurs trois ans après l’obtention de leur diplôme chez les docteurs de l’enseignement supérieur « avoir un doctorat et pas d’emploi ». De plus, parmi ceux qui ont un travail, 33 % des emplois sont précaires et cette proportion est en hausse constante.
Cette précarité est souvent liée aux contrats « post-doctoraux » qui constituent une main-d’œuvre dans la recherche publique mais ne débouchent pas forcement sur de l’emploi pérenne du fait de peu de création de poste (universitaires, chercheurs ou ingénieurs). Un grand nombre de candidats à des concours se trouve refoulés avec peu d’information et de transparence dans ces recrutements. Ils font alors le choix de partir à l’étranger où les docteurs sont beaucoup plus prisés qu’en France, un paradoxe incompréhensible.
Il est à noter aussi qu’ils sont toujours en concurrence avec les diplômés des grandes écoles de commerce ou d’ingénieur dans le secteur du privé. Les contrats à durée indéterminée se font plus rare ainsi en 2016, trois ans après leur thèse seul 69% des docteurs étaient en CDI. On ne trouve plus de statistique, sur le devenir des docteurs au-delà de cette période.
Concernant les débouchés, ils varient beaucoup selon le secteur et le sexe. Les docteurs en science du Vivant, en sciences Humaines et Sociales ont plus de difficultés à obtenir un emploi de cadre. Les titulaires de doctorat de sciences dures (mathématiciens et ingénieurs) trouvent de meilleures conditions que les chimistes. Les femmes ont 6% de chance en moins de trouver un emploi après leurs doctorats.
Si aujourd’hui, ce diplôme figure dans le Registre National des Certifications Professionnelles pour mettre en avant des compétences acquises, avoir un bac+ 8 ne suffit pas. Le parcours du combattant se poursuit et faire un post doc est devenu un passage obligé pour espérer accéder à un poste académique. On poursuit ainsi cette précarité après son doctorant jusqu’à plus de 30 ans voire même 35 ans. Certains désabusés changeront complètement d’orientation et connaitront la discrimination silencieuse du « sur diplômé »
Par ailleurs, cette précarité qui débute très tôt au cours des études, puisque 20% des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté poussent certains à commettre l’irréparable tant ils sont désespérés.
Debout la France porte depuis longtemps des propositions fortes pour offrir aux doctorants l’avenir qu’ils méritent :
– Faire de la France une terre des chercheurs en portant à 4% du PIB le budget de la recherche, permettant de dégager les ressources financières nécessaires.
– Mettre dans les universités des postes référents dédiés à l’aide à la recherche d’emploi pour le suivi de ces diplômés et éviter ainsi un véritable gâchis humain et financier.
– Mettre en place un organisme d’insertion de Docteurs financé par des fonds européens PLID (Plan Local d’Insertion des Doctorants) pour les disciplines ou les débouchés sont plus difficiles (comme il existe un plan local d’insertion pour les personnes sans diplôme et éloignés de l’emploi). Les salaires seront supportés par ces organismes et l’accueil serait à la charge de l’université débouchant ainsi sur des emplois pérennes, évitant ainsi la fuite de doctorants à l’étranger à la recherche de post doc.
Rappelons qu’au niveau européen pour 1 € de contribution au budget de l’Union européenne, seulement 0,66 € revient à la France dans le cadre d’Horizon 2020 (il reste donc une marge à récupérer pour relocaliser des emplois).
Marie-Dominique Salducci
Déléguée nationale aux universités