Afficher de grandes ambitions pour les politiques régionales est louable. Encore faut-il que ces politiques ne s’annulent pas les unes et les autres. Lors de la séance plénière du 21 novembre 2019, Xavier Bertrand fera la démonstration d’incompatibilités évidentes.
Le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires a été durement critiqué par l’Autorité environnementale qui en a souligné les graves lacunes, notamment pour la partie environnementale.
La délibération cadre sur la protection de la ressource en eau et des milieux aquatiques, et la délibération sur la charte « Eviter – Réduire – Compenser » (ERC) viennent à présent illustrer cette situation. Il s’agit en théorie de préserver l’environnement, les ressources naturelles et la biodiversité. Le problème est que la charte préserve d’abord l’agriculture conventionnelle et la maîtrise d’ouvrage classique et qu’elle n’est qu’incitative et non contraignante.
Surtout, la volonté affichée de Xavier Bertrand de faire des Hauts-de-France la première Région d’Europe en matière de méthanisation, avec un objectif de 9000 GWh/an entraînera de facto l’installation d’environ 1500 unités de méthanisation dont les résidus, appelés digestats, seront répandus sur les terres agricoles utiles qui s’étendent sur 67 % du territoire régional. Or, les analyses effectuées sur les digestats dans le Lot ont montré un effet délétère sur la faune (abeilles, lombrics), la qualité des sols (accumulation d’azote minéralisé) et les nappes phréatiques.
Il est donc absolument contradictoire de prétendre préserver l’environnement et, « en même temps », de développer massivement une technologie controversée dont les effets néfastes sur le biotope sont avérés. Toute la politique régionale en matière d’aménagement du territoire est donc à revoir.
André Murawski
Délégué national aux partenaires européens
Conseiller régional Hauts-de-France