Le 2 juillet 2019,
La Commission de Bruxelles aura attendu que les élections européennes soient passées pour annoncer, un mois après, la conclusion de l’accord commercial controversé entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). Ce traité de libre-échange représente un véritable scandale démocratique, économique, sanitaire et écologique.
Un scandale démocratique. L’opacité dans laquelle l’accord de l’UE avec le Mercosur a été conclu rappelle celle du CETA, tous deux négociés par la Commission européenne dans le dos des Etats. A l’image du CETA, il est inadmissible que l’Union européenne engage de force ses 28 Etats membres dans des accords de libre-échange déloyaux. Il est d’autant plus inacceptable que ces accords entrent en application avant même qu’ils ne soient ratifiés par les Etats, comme c’est le cas avec le CETA depuis presque 2 ans en France ! Nul doute que le traité avec le Mercosur subira le sort. L’Union européenne fait primer son idéologie et les intérêts des lobbies sur la démocratie et les peuples d’Europe.
Un scandale économique. L’accord UE-Mercosur va lever près de 92% des taxes sur les produits latino-américains importés au sein de l’UE : en facilitant l’accès à son marché dans des secteurs européens en difficulté, particulièrement en France (bovin, volaille, sucre…), l’Union européenne met en péril notre économie notamment nos éleveurs et agriculteurs. Chaque année, ce sont ainsi 99.000 tonnes de bœufs, 100.000 tonnes de volailles et 180.000 tonnes de sucre qui inonderont notre marché, s’ajoutant aux quotas récemment offerts par l’UE au Canada (CETA) ou encore au Japon (JEFTA). Nos exploitations familiales et à taille humaines seront confrontées à une véritable concurrence déloyale, notamment face aux « usines à viande » latino-américaines dans le secteur bovin. Il est inacceptable d’importer massivement des biens dont les normes de production sont en totale contradiction avec les efforts imposés aux producteurs européens et surtout français, en termes d’exigences sociales, sanitaires et environnementales ! Par ailleurs, ce traité est totalement déséquilibré. La France se soumet à un accord « européen » qui institutionnalise une concurrence déloyale farouche avec le Mercosur et ne profitera en Europe qu’à l’Allemagne. En effet, bien que 91% des taxes soient levées sur les produits européens exportés dans les pays du Mercosur, les clauses commerciales concernent en priorité l’automobile allemande, les machines industrielles allemandes, et la chimie allemande ! Les quelques avantages en faveur de la France se résument essentiellement à des volets consacrés au domaine pharmaceutique et au secteur viticole, de même qu’au maintien de protections déjà existantes comme des appellations d’origine contrôlée.
Un scandale écologique et sanitaire. L’hypocrisie européenne en matière d’écologie est à son comble. Le traité de libre-échange UE-Mercosur vise à accroître massivement les échanges commerciaux entre l’Europe et le Mercosur alors que 10.000 km les séparent. En plus de ne pas respecter les engagements de l’accord de Paris sur le climat, les pays du Mercosur contribuent activement à la déforestation de notre planète et appliquent des normes environnementales, sociales et sanitaires extrêmement faibles qui inonderont le marché européen de produits de mauvaises qualité : antibiotiques utilisés comme hormones de croissance, usage de produits phytosanitaires interdits en Europe, élevages industriels massifs, etc. Ce traité menace à la fois l’environnement, la santé des consommateurs européens et la dignité animale. A terme, cette concurrence déloyale venue d’Amérique du Sud contraindra nos producteurs à niveler par le bas leurs exigences sociales, sanitaires et environnementales. Nul doute qu’ils seront économiquement désincités à privilégier les circuits courts et les activités durables…
Crise démocratique, menace écologique, problèmes de santé des populations, guerre économique et chômage de masse… l’Union européenne accroît les problèmes qui constituent les grands défis du 21ème siècle au lieu d’aider les Etats européens à les relever. Ce traité de libre-échange en est la démonstration. La France ne pourra malheureusement pas compter sur Emmanuel Macron pour refuser cet accord UE-Mercosur dont elle subira les conséquences néfastes.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout La France