Le Président Exécutif d’Airbus (anciennement EADS), l’allemand Tom Enders, à l’occasion de la présentation des résultats annuels de la société, a annoncé la cessation de la production de l’Airbus A380 en 2021, sous le prétexte d’une absence de rentabilité commerciale.
Le surcoût que représentera le démantèlement des chaînes de productions sur plusieurs années est déjà pleinement provisionné dans les résultats. La presse anglo-américaine célèbre ainsi la « maximisation de la valeur pour les actionnaires »attendue de ce recentrage sur les modèles d’avions commercialement les plus profitables.
L’A380 est pourtant en avance technologiquement par rapport à tout ce que proposera la concurrence d’Airbus pour les années à venir. L’on ne peut que s’interroger sur la justification d’une telle décision, ainsi que sur cet empressement étrange au démantèlement industriel de la production, comme pour éviter que l’on ne puisse les remettre en fonction. Tout cela est d’autant plus étonnant que Tom Enders doit quitter ses fonctions dans deux mois : pourquoi ne pas avoir laissé une décision aussi importante à son successeur ?
Nous sommes très inquiets de l’évolution du fleuron industriel Airbus, né dans les années 1970 de la coopération intergouvernementale d’Etats européens, totalement en dehors du cadre institutionnel de l’UE. Depuis le départ de Louis Gallois et l’arrivée aux commandes de Tom Enders en 2012, la gouvernance d’Airbus a radicalement changé. L’actuel Président exécutif sortant a en effet deux réalisations principales à son actif :
– Une transparence totale largement auto-imposée sur les comptes et les pratiques commerciales d’Airbus vis-à-vis du Ministère de la Justice (DoJ) américain, dans l’espoir d’éviter une amende démesurée pour un soupçon de versement de pots-de-vin ; or il est évident que toutes les informations reçues par le DoJ sont directement utilisée par Boeing.
– Tom Enders a déconstruit le modèle d’EADS en tant qu’entreprise publique intergouvernementale. Les Etats actionnaires (France, Allemagne, Espagne) ont non seulement été dilués, mais ils ont perdus leurs actions privilégiées dans la société.
Airbus, sous M. Enders, est devenue une société privée « normale » qui ne cherche qu’à satisfaire les intérêts de court terme de ses actionnaires privés et à rémunérer grassement ses dirigeants. La décision regrettable et prématurée d’abandonner l’A380 en est la conséquence directe. Alors que la capitalisation boursière de Boeing est devenue trois fois supérieure, Airbus pourrait faire l’objet d’une offre de rachat. Un scénario similaire à celui d’Alstom risque de se mettre en place.
Dans la guerre commerciale mondiale qui fait rage en particulier avec les Etats-Unis et la Chine, Debout-la-France juge absolument nécessaire que soient adoptés et suivis une vision stratégique à long terme et un modèle de patriotisme économique, qui permettront de sauvegarder les champions nationaux et les intérêts économiques et sociaux français. Aussi, il appartient au gouvernement de la France de s’emparer du dossier Airbus afin d’étudier des solutions alternatives à la gouvernance actuelle, notamment par l’attribution de nouvelles actions préférentielles à l’Etat.
Nicolas Dupont-Aignan, Député de l’Essonne et Président de Debout La France.
Bernard Monot, Député français au Parlement européen.