Depuis quelques jours, plusieurs médias essaient de rejouer le coup du traité de Marrakech avec le traité d’Aix-la-Chapelle en faisant passer toute critique pour une « fake news » et tout débat pour du « complotisme ».
Ce qui est particulièrement grotesque, c’est que ces mêmes médias ferment le débat sur ces deux traités juste après avoir sali ceux qui ont osé remettre en cause leur silence assourdissant !
Oui, je me félicite de la réconciliation allemande comme tous les Français. Néanmoins, j’en ai ras le bol des discours hypocrites et de la bienpensance sur le « couple franco-allemand ».
La vérité, comme l’a très bien expliqué l’essayiste Coralie Delaume, c’est que ce couple n’existe que dans l’imagination des dirigeants français ! En Allemagne, très peu de responsables politiques ou de journalistes -pour ne pas dire aucun- qualifient ainsi notre relation. Berlin assume de défendre ses intérêts coûte que coûte et se moque complétement de savoir si ses actes conviennent à la France.
Nos compatriotes se font manipuler par des dirigeants soumis qui leur mentent ouvertement. Mais le pire est que ces mêmes dirigeants semblent croire à leurs propres fantasmes rhénans. Dans son dernier livre, Bruno Le Maire affirme lui-même entretenir une relation « érotisée » avec l’Allemagne. Au fou ! Pas sûr que cette passion soit réciproque !
Je mets d’ailleurs au défi quiconque capable de trouver une seule décision prise par Angela Markel depuis dix ans en faveur de l’amitié franco-allemande qui aurait représenté un effort ou un sacrifice pour ses propres intérêts. La réponse est simple : ZERO.
Le pouvoir aimerait que l’opposition accepte tous ses coups bas sans réagir et sans alerter les Français. La réalité est qu’Emmanuel Macron ne cesse de proclamer qu’il aime le débat mais qu’il agit toujours dans l’ombre. L’amitié et les relations franco-allemandes appartiennent à tous les Français. Ce n’est pas un sujet qui relève du fait du prince ou du caprice de l’Elysée. Il est des responsabilités constitutionnelles d’Emmanuel Macron de négocier au nom de la France, pas de tout décider de son propre chef !
Comme le traité de Marrakech ou le Traité de libre-échange avec le Canada (CETA), Emmanuel Macron refuse de soumettre son action au contrôle des Parlementaires et au débat avec les Français. Annoncé depuis des semaines voire des mois, le traité d’Aix-la-Chapelle restait secret à quelques jours de sa signature. Le gouvernement n’avait communiqué aucun texte, même provisoire, et le contenu des discussions n’a été connu du public que par le site internet Contexte. Une fois encore, je ne comprends pas comment la presse libre peut accepter d’être mise devant le fait accompli avec les partis d’opposition et les citoyens.
Or, j’affirme que ce nouveau traité d’Aix-la-Chapelle n’est pas un accord d’amitié franco-allemande mais un nouvel acte de soumission de la France à l’Allemagne.
Ainsi, seule la France va partager ses compétences et ses prérogatives régaliennes sans que l’Allemagne n’apporte quoique ce soit de concret ou ne fasse le moindre geste.
La France entretient le 3ème réseau diplomatique mondial, après les Etats-Unis et la Chine. Nous disposons d’un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU et notre influence dans les institutions internationales est considérable. Au contraire, l’Allemagne est un nain géopolitique qui n’a jamais investi des efforts financiers et humains comparables à la France. Sous couvert de formules alambiquées propres à la diplomatie, l’article 8 du traité d’Aix-la-Chapelle met gracieusement à la disposition de l‘Allemagne nos atouts diplomatiques. La France limite de facto sa souveraineté diplomatique en s’engageant à défendre une position coordonnée avec l’Allemagne « dans le respect des positions et des intérêts de l’Union Européenne ». Rappelons que les compétences de l’Union européenne en diplomatie ont été refusées par référendum par les Français en 2005. La Commission Européenne n’a strictement aucune légitimité démocratique et défend un consensus technocratique hors sol ! Comme le disait Henry Kissinger, quel est le numéro de téléphone de l’Union Européenne ?
Pire encore, le traité fait de l’obtention d’un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU une priorité de la France. Qu’est-ce que l’Allemagne nous offre en échange de nos services ? Pourquoi la France ne soutient pas l’Italie ? Notre partenaire latin est-il moins digne que notre voisin allemand ? On croit rêver ! L’Inde et ses 1.5 milliards d’habitants ne mérite-t-elle pas davantage un siège que l’Allemagne ? Puisque l’Allemagne aime tant la France, pourquoi ne nous fait-elle pas confiance pour la défendre ? Si les intérêts de la France sont ceux de l’Allemagne et de l’UE, pourquoi les Français ne pourraient-ils pas les défendre eux-mêmes ? Le baratin et les bons sentiments des mondialistes n’ont aucune cohérence !
La vérité est que l’Allemagne a démontré à de multiples reprises son incapacité à respecter ses partenaires diplomatiques les plus proches. Lors de la crise migratoire, Angela Merkel a décidé seule d’ouvrir grandes les frontières allemandes en sachant très bien les conséquences pour ses voisins. Confrontée à se propre irresponsabilité, elle a ensuite négocié directement avec la Turquie sans se soucier de l’avis de la France mise devant le fait accompli.
L’hypocrisie du Traité d’Aix-la-Chapelle atteint son sommet avec les articles 18 et 19, dans lesquels l’Allemagne s’engage à œuvrer de concert avec la France pour la politique écologique et énergétique. Ces déclarations relèvent donc de la plaisanterie de mauvais goût ! Quel cynisme ! L’Allemagne a fermé ses centrales nucléaires sans se préoccuper des conséquences pour ses voisins. Selon Greenpeace, le charbon allemand tue chaque année plus de 1500 Français à cause des émissions ! La France ne tue aucun allemand avec sa politique énergétique. L’Allemagne a aussi construit deux gazoducs géants avec la Russie pour s’apprivoiser en énergie au mépris de tous ses partenaires d’Europe de l’Est. La liste n’est pas exhaustive.
Emmanuel Macron est aussi le roi des pigeons sur la collaboration militaire. Première armée européenne depuis plus de 70 ans, seule puissance continentale capable d’opérer sur les cinq continents, la France se met sur un pied d’égalité avec le nain militaire allemand ! Berlin vit au crochet de l’armée américaine depuis 1945 et n’a jamais respecté ses engagements de consacrer 2% de son PIB aux dépenses militaires. La France a investi des centaines de milliards d’euros de plus que l’Allemagne dans ses forces armées, nos soldats ont versé leur sang et exposent tous les jours leur vie dans de multiples opérations. Je ne parle même pas de la dissuasion nucléaire. Que va offrir l’Allemagne en échange à la France en dehors de bouquets de fleurs pour le 11 novembre ? Rien.
Autre exemple, les articles 20 et 21 dissertent sur le renforcement de la coopération économique. Voilà une belle occasion pour l’Allemagne de montrer sa générosité et sa fraternité. Alors que Berlin s’essuie les pieds depuis 30 ans sur l’esprit du traité de Maastricht qui implique que l’Allemagne limite ses excédents commerciaux (6 à 8% du PIB depuis 15 ans au lieu d’un maximum de 2 à 3%) qui ruinent ses partenaires, Angela Merkel accumule jalousement son tas d’or. L’Allemagne n’investit pas dans les infrastructures, ne fait aucun effort de recherche et de développement particulier, ne cherche pas à stimuler l’économie de ses partenaires. L’Allemagne riche contemple avec mépris l’Europe s’appauvrir !
Pourtant, la France a partagé avec l’Allemagne son savoir-faire aéronautique et spatial en créant Airbus et Arianespace alors que les Allemands avaient un retard considérable depuis la 2nde Guerre Mondiale. La France n’a rien reçu en échange. On attend toujours que Berlin partage son avance en matière de machine-outil par exemple. Le seul domaine de compétence partagée évoqué par le traité d’Aix La Chapelle est l’intelligence artificielle : l’Allemagne est nulle et n’a rien à nous apporter.
Enfin, le traité prévoit bien un nouveau régime d’exception aux droits nationaux ordinaires pour les zones transfrontalières. Selon le bon sens populaire, quand le visionnaire montre la voie, l’imbécile regarde le doigt. Il est évident que ni l’Alsace ni la Lorraine ne vont devenir allemandes. Néanmoins l’article 13 du traité d’Aix La Chapelle prévoit bien des « compétence appropriées, des ressources dédiées et des procédures accélérées pour les collectivités territoriales frontalières » comme les « eurodistricts ». Une fois encore, derrière le jargon technocratique, Emmanuel macron décide de rompre avec l’unité de la République française sans qu’aucune majorité de Français ne se soit exprimée.
Si Emmanuel Macron est si fier de son traité d’Aix-la-Chapelle, qu’il en débatte avec les dirigeants politiques de l’opposition ! Nous verrons bien que les « infox » et les trahisons viennent de l’Elysée.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout La France