Dans un contexte économique incertain, les emplois dans le transport et la logistique affichent des chiffres élogieux : 95% des emplois sont en CDI, un taux bien supérieur à la moyenne nationale toutes branches considérées (84.6% en 2017).
2017 a été une année satisfaisante avec la création de plus de 13000 emplois en transport et plus de 2000 en logistique. 2018 devrait être dans les mêmes proportions (Chiffres en cours d’analyse)
Malgré cela, l’avenir de la profession pose questions :
Depuis le 28 octobre 1997, date de l’arrêt du service militaire obligatoire qui permettait aux « appelés » de passer leurs permis Poids Lourds (PL) et Super Lourds (SPL), les employeurs peinent à recruter des candidat(e)s. Cela s’explique par un renouvellement de la masse salariale qui génère plus de sortants que d’entrants. Les départs en Congés de Fin d’Activité (CFA), amplifiés par le papy-boom, permettent aux bénéficiaires de cesser leur activité professionnelle jusqu’à cinq avant l’ouverture de leur droit à la retraite, sous réserve de répondre à des conditions d’années passées sur un emploi de conducteur. Ce dispositif résulte de la volonté commune des représentants des employeurs et des salariés ainsi que de l’État. En prenant en compte la pénibilité particulière du travail des conducteurs routiers, il répond à des considérations humaines et sociales ainsi qu’à des exigences de sécurité.
Dans le même temps, Pole Emploi réduit les formations « conducteurs » trop couteuses et souvent incertaines pour des personnels débutants dans le métier. Pour les mêmes motifs, les entreprises hésitent à payer des formations onéreuses à de futur(e)s employé(e)s et ce malgré le dispositif de dédit-formation qui engage le salarié sur une période minimale dans l’entreprise.
Pour toutes ces raisons, le marché se contracte alors que les besoins sont grandissants.
Cela ne se réduit pas aux personnels roulants, les agents administratifs et d’exploitation, affréteurs, commerciaux et managers sont également concernés. Le besoin salarial direct est estimé à plus de 25 000 postes à pourvoir toutes catégories confondues, et lorsque l’on intègre les activités en compte-propre, il est quasiment doublé.
Quel avenir impératif ?
D’ici 15 ans, le nombre de conducteurs, issu des formations militaires, principal vivier de la profession, sera minime. A aujourd’hui, l’érosion minimale des effectifs est de 2.7% par an.
Dans le même temps, les comportements des consommateurs se développent par internet et augmentent les besoins de la profession.
Dès à présent il convient d’anticiper et de former aux besoins de demain.
Le phénomène des « travailleurs détachés », malgré une réduction mineure du fait d’activités soutenues à l’Est de L’Europe, participe au déséquilibre de la profession et pose des problèmes linguistiques, culturels et sociaux. Il est de la responsabilité collective de protéger notre Economie, nos emplois et nos entreprises de la concurrence déloyale instaurée par la directive des travailleurs détachés, comme le prône Debout la France dans son programme.
Dans le même temps, les pouvoirs publics en association avec les organismes de formation et les entreprises doivent au plus vite répondre à cette situation qui va devenir récurrente à court terme, et engendrer des gros problèmes aux acteurs du secteur.
Michel Colas
Délégué National DLF en charge des catégories socio-professionnelles
Cédric Charlier
Responsable du Groupe Transports et logistique