La lettre aux français est une étape supplémentaire dans la stratégie d’enfumage du gouvernement. Le grand débat ressemble plus à une tentative pour gagner du temps et étouffer le mouvement des gilets jaunes plutôt qu’à une réelle prise en compte de la colère légitime des français.
Dans sa lettre, Emmanuel Macron oublie l’essentiel. L’Union européenne n’est absolument pas abordée : alors que les élections européennes approchent, le Président n’évoque pas la question cruciale de l’organisation de l’Europe car il est bien conscient que sa position fédéraliste est extrêmement minoritaire dans le pays. Le processus d’élargissement aux Balkans, le rétablissement des contrôles aux frontières et la concurrence déloyale des travailleurs détachés ne sont pas des sujets importants pour E. Macron.
L’impact de la mondialisation n’est pas plus abordé : les accords de libre-échange avec le Canada (CETA) et le Mercosur, qui détruisent des pans entiers de l’agriculture française, ne sont pas évoqués, tout comme la lutte contre l’évasion fiscale internationale.
Les questions sont très orientées. E. Macron fait mine d’aborder le thème de l’immigration alors qu’il vient d’engager la France dans la promotion de l’immigration de masse avec la signature du pacte de Marrakech. Le Président enfonce des portes ouvertes en garantissant le droit d’asile alors que personne ne souhaite le remettre en cause. Cependant, il se garde bien d’aborder l’enjeu crucial autour de cette question : la très grande majorité des déboutés restent sur le territoire français.
Pas un mot non plus sur la fraude sociale et fiscale, alors que les montants en jeu sont immenses : près de 14 milliards d’euros pour la fraude aux cartes vitales.
Des réponses sont bloquées. Le Président nous dit : « il n’y a pas de questions interdites ». Pourtant, il trace plusieurs lignes rouges en excluant de revenir sur les réformes votées concernant la fiscalité sur le patrimoine, alors que ces réformes injustes expliquent une part importante du mécontentement des français.
Le Président ne fait qu’une allusion indirecte au référendum d’initiative citoyenne, qui est pourtant au cœur du débat depuis plusieurs semaines. On aurait espéré qu’il se saisisse plus franchement de ce sujet fondamental en demandant aux français s’ils sont ou non favorables au RIC.
Mais le problème le plus fondamental de ce grand débat, c’est qu’E. Macron ne garantit pas que les conclusions qu’il en tirera seront fidèles à la teneur des débats. En réalité, il ne pourra pas se passer d’un recours au peuple. Il doit organiser un referendum :le peuple doit s’exprimer, c’est la seule issue raisonnable à la situation actuelle.
Pour que le grand débat ne soit pas qu’un grand blabla.
Le temps presse.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout La France