“Demain, on ne peut pas garder les métiers du passé. On ne peut pas garder la bougie quand l’électricité arrive”. Ainsi s’exprimait récemment la ministre Muriel Pénicaud sur les difficultés du groupe textile français Happychic qui a révélé qu’il fermerait quelques 90 magasins “physiques” de ses enseignes (Brice, Jules, …) d’ici à 2021.
Ces propos sont très révélateurs de l’état d’esprit dans lequel est l’élite de notre pays, tant politique que les dirigeants des grandes sociétés : une vision court-termiste, trop abrupte et en tout cas gérée avec passivité … Leur cynisme et leur incompétence sont maquillés de cette fausse modernité qui pense rendre acceptable le malheur des travailleurs français.
Si les membres du gouvernement d’Edouard Philippe estime que le futur est si prévisible vis-à-vis des pratiques “du passé” alors, où sont les mesures pour nous préparer à la transformation numérique ?
Il est incontestable que les géants du numérique ont pris des parts de marché considérables face aux commerçants physiques qui animent nos villes et nos centres commerciaux. Un seul canal de vente numérique délégué à une transnationale du net comme Amazon ou Alibaba peut non seulement toucher des centaines de millions de personnes mais également agréger les données personnelles des utilisateurs en les transformant en nouvel “or” de cette ruée digitale. Ces sociétés connaissent ainsi leurs utilisateurs par cœur et prédisent même leurs besoins… quand elles ne les suscitent pas directement !
Hélas, Muriel Pénicaud et la classe politique qu’elle soutient n’ont rien anticipé au niveau français ou européen ! Où sont les concurrents des GAFAM ? Des moteurs de recherche, des portails majeurs de commerce en ligne, des réseaux sociaux, … ceux d’il y a dix ans ont été rachetés et absorbés par ces géants américains, certains restent terrassés sans pouvoir émerger vraiment (cas de QWANT). L’ensemble des initiatives prises au niveau français ou européen ne permettent que de créer de brillantes startups qui réussissent uniquement pour devenir “joyaux rachetables” par les Américains ou les Chinois ! Contrairement à ce que pensent les dirigeants européistes, l’intérêt national existe bien dans le monde du digital mais il dépend de Washington ou de Pékin !
Pour la plupart des entreprises commerciales françaises soumises à la concurrence déloyale des GAFAM et jamais défendues par la France ou Bruxelles, les magasins ne deviendraient qu’une vitrine, un espace collaboratif d’échange, de distribution, de création collaborative, à l’image des agences bancaires depuis des années … Tout est fait pour que le client s’adresse et utilise les services digitaux : frontaux web, agents conversationnels – chatbots qui remplacent les centres d’appels qui étaient déjà eux-mêmes délocalisés.
Pour ne prendre que deux exemples révélateurs de l’impuissance de l’Etat français depuis des années, il suffit de voir l’absence de vision dans notre système de formation : répartition des actifs, besoins nouveaux, calage de l’enseignement… Rien n’a été fait en lien avec la révolution numérique, y compris pour les métiers nécessitant des formations longues (médecins, avocats, pilotes d’avions, ingénieurs, …) qui seront aussi touchés de plein fouet !
Où mener alors notre jeunesse la plus motivée et méritante ? Tous n’ont pas vocation à devenir des chercheurs en Intelligence Artificielle tandis que d’autres métiers seront terrassés par des machines faisant mieux que nous d’ici peu tant leurs capacités d’apprentissage sont gigantesques (disciplines des machine / deep learning).
L’Union Européenne et la France, cette dernière ayant factuellement entièrement délégué sa stratégie à l’UE, en s’interdisant toutes initiatives industrielles, en sont réduites à taxer les idées des autres.
Hasard du calendrier, l’UE vient, encore, d’infliger à Google une amende de 4,3 milliards pour position dominante dans son système d’exploitation Androïd. S’agit-il d’une simple vengeance quant à la taxation des aciers et de la nouvelle guerre commerciale ouverte avec les USA et la Chine ? Le 27 juin 2017, c’est une autre amende de 2,4 milliards qui avait été donnée à Google cette fois –ci pour l’outil de recherche en ligne commercial … Quant à Apple, Facebook, Amazon, ils sont épargnés pour le moment … Des amendes par défaut d’une adhésion des 28 à une taxation et une imposition claire de ces sociétés qui opèrent sur nos territoires …
Les coopérations des pays de l’union sont poussives et inefficaces tandis que les intérêts des GAFAM semblent être mieux écoutés et soutenus par l’ensemble de nos technocrates du gouvernement et de la Commission.
Nicolas Dupont-Aignan a, dès les présidentielles, soulevé ces paradoxes.
Debout La France demande, qu’en suite directe du rapport Villani, que l’Etat français prenne en compte l’aspect tangible et opérationnel de la transformation digitale quitte à parier sur le futur en lançant des initiatives positives:
· Revoir le système de formation à tous les âges de la vie en intégrant les enjeux numériques.
· Mieux payer les chercheurs et les innovateurs pour que la France cesse de former des talents qui partent à l’étranger.
· Adapter notre système de protection sociale pour faciliter la reconversion des actifs ayant un projet professionnel différent, promesse de campagne mise en place au rabais par E. Macron.
· Miser sur la vitalité des centre villes et les services de qualité sur tout notre territoire pour concurrencer les géants du net.
· Lutter contre la fraude fiscale des multinationales qui concurrencent déloyalement les artisans et commerçants.
· Lancer des concurrents européens des GAFAM comme a su le faire la Chine.
Il est urgent de prendre à bras le corps ces sujets pour cesser d’être de simples spectateurs des choix d’une poignée de monopoles étrangers … les enjeux principaux sont triples : notre indépendance, notre liberté et le maintien de notre niveau de vie français.