La nouvelle plateforme Parcoursup mise en place par la ministre Frédérique Vidal pour gérer les affectations dans l’enseignement supérieur peine à donner satisfaction, puisque plus de 150000 candidats n’avaient reçu aucune proposition début juillet.
Il semble que le gouvernement ait sous-estimé les conséquences prévisibles de cette lenteur :
– anxiété des candidats “en attente” sur tous leurs voeux depuis le 22 mai alors qu’ils passent le baccalauréat !
– incertitude des familles pour la recherche d’un logement étudiant
– incertitude des établissements pour l’organisation de la rentrée
– incitation de ceux-ci à pratiquer un “surbooking” hasardeux
Pourtant, quelques mesures permettraient d’accélérer les recrutements tout en augmentant le nombre d’étudiants satisfaits de leur affectation :
– Créer deux plateformes : l’une pour les filières sélectives (CPGE, IUT, STS…) et l’autre pour les filières non sélectives, avec interaction entre ces plateformes, de sorte que l’acceptation d’un voeu sur une plateforme permette de libérer des places sur l’autre plateforme.
– Organiser la plateforme “sélective” sur les mêmes principes que l’ancien système APB, lequel donnait satisfaction pour les filières sélectives, grâce au classement de ses voeux par le candidat et à la mise en oeuvre d’un algorithme d’appariement dont l’efficacité est vérifiée pour les filières sélectives, comme le soulignait la Cour des comptes dans son rapport d’octobre 2017. Le nombre de voeux pourrait à nouveau être porté à 24 (au lieu de 10 dans Parcoursup), au bénéfice des candidats.
– Instaurer sur la plateforme “non sélective” un premier voeu qui serait traité en priorité par les établissements d’enseignement supérieur afin de permettre aux candidats de bénéficier d’un traitement plus attentif de la demande qui leur tient le plus à coeur. La lettre de motivation prendrait alors tout son sens, alors qu’elle s’apparente actuellement à un gros mensonge lorsqu’elle est associée à un dixième voeu!
Parallèlement, nous proposons d’abolir le système injuste des quotas pour les étudiants hors académie, car il rompt l’égalité d’accès à l’enseignement supérieur en favorisant les lycéens parisiens ou provenant de l’étranger au détriment des banlieusards et des provinciaux.
Enfin, pour que les bacheliers professionnels puissent accéder en nombre suffisant et dans de bonnes conditions à l’enseignement supérieur, il faut d’urgence bâtir une offre de formations d’excellence spécifiquement destinée à ces bacheliers et qui permettre de valoriser leur savoir-faire en liaison avec les branches professionnelles.
Marc Chapuis
Délégué National à l’Instruction Publique