Depuis plusieurs années, les ministères de tutelle des professions de santé mettent en avant « la délégation de tâches » pour résoudre les graves défaillances de notre système de soins.
De quoi s’agit-il ? C’est transférer des compétences d’une profession de santé à une autre, ou du moins autoriser une catégorie de professionnels de santé à effectuer des actes de soins, qui étaient jusque là réserver exclusivement à une autre.
Par exemple, faire réaliser des bilans d’acuité visuelle à des opticiens, acte dévolu aux ophtalmologistes, ou encore permettre à des pharmaciens d’injecter des vaccins, acte jusque là médical.
Par charité, nous ne reviendrons pas sur la proposition d’une précédente ministre de la santé, heureusement à présent recyclée dans l’animation audiovisuelle, de demander aux vétérinaires, en zones rurales, de faire des actes médicaux sur les humains, les populations et professionnels concernés avaient apprécié…
Le fond idéologique de ces propositions est évidemment de permettre des économies de dépenses de santé.
La délégation est, en fait, ancienne et parfois la bienvenue, quand elle permet d’épargner du temps au médecin en sous-effectif et débordés dans un contexte de démographie médicale défavorable. Par exemple, l’enregistrement et la réalisation d’examens radiologiques par des manipulateurs permet de concentrer les médecins radiologues sur l’interprétation.
Ces derniers ne peuvent néanmoins se concevoir qu’en accord avec les différents professionnels concernés. Elles doivent aborder les aspects de sécurité des patients, de protection assurancielle et juridique, et enfin, les règles de fonctionnement entre les catégories de professionnels.
A chacun ses domaines de compétences, à chacun ses actes. Un opticien n’est pas un médecin ophtalmologiste, un chiropracteur n’est pas un kinésithérapeute.
Sur ce sujet, comme sur les autres, la santé est administrée de façon autoritaire par le ministère et les Agences Régionales de Santé. Avant d’envisager une délégation, la consultation des ordres professionnels et des syndicats est indispensable.
Laurent Casbas
Délégué National à la Santé