Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt ! En prétendant « moderniser » le mode de fonctionnement de la SNCF, l’objectif du gouvernement est clair: la privatisation de la SNCF. En réalité, Emmanuel Macron a essayé d’acheter le silence des cheminots en réformant le statut pour les nouveaux employés tout en faisant accepter la privatisation d’un service public ordonné par l’Union européenne au détriment de l’intérêt des Français.
Ainsi, les Français attendent une vraie justice sociale qui donnent les mêmes droits aux Français selon la véritable pénibilité de leur travail. Il est normal que des cheminots qui travaillent loin de chez eux, la nuit ou avec des astreintes aient des dédommagements particuliers, qu’il faudrait accorder à tous ceux qui rencontrent dans d’autres secteurs les mêmes difficultés. A l’inverse, il n’est pas normal que des personnes qui ne sont pas exposées à ces contraintes aient plus davantage que les autres salariés dans d’autres secteurs. C’est pour cela que les Français veulent harmoniser les régimes des uns et des autres.
Or, la réforme d’Emmanuel Macron ne règle aucune injustice et détourne l’attention des Français sur le sujet principal, à savoir l’obéissance aveugle du gouvernement aux directives européennes.
Cette réforme est la mise en application de l’article 106 du traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne de 2008 voté honteusement par le Parlement français alors que les Français avaient majoritairement rejeté le Traité sur la Constitution Européenne en 2005. Cet article stipule que « Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux règles des traités, notamment aux règles de concurrence, dans les limites où l’application de ces règles ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie… »
Il s’agit aussi de l’application des décisions prises par le Conseil Européen de Barcelone de 2002 qui a entériné avec la bénédiction de Lionel Jospin la fin des services publics et la privatisation systématique de tous les biens publics au nom de l’argent roi, sans jamais prendre en compte l’intérêt général.
Autant le dire tout de suite c’est une catastrophe pour le pays. C’est une catastrophe pour l’aménagement du territoire, notamment pour les personnes vivant en ruralité. Le transport ferroviaire est un service public qui ne doit pas avoir pour seul objectif la rentabilité à tout prix. Nombre de gares en ruralité seront fermées car elles seront jugées non rentables car peu de « clients ». Au contraire, les lignes rentables, financées par le contribuable, seront exploitées sans bénéfice pour les Français qui les ont payées !
Par exemple, des compagnies étrangères vont exploiter des lignes TGV rentables comme le Paris-Lyon. Tous les bénéfices de la ligne n’iront donc plus à la SNCF pour financer les lignes moins rentables en milieu rural ; la société devra finanlement les fermer ou faire payer le prix cher aux usagers.
L’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire est également l’ouverture à la concurrence entre salariés. Nous savons déjà que les trains étrangers pourront être opérés avec des salariés venus de l’étranger avec un salaire évidemment bien moins important que ceux de France et sans payer les charges en France : les travailleurs détachés. Ce sont des milliers d’emplois en France qui seront supprimés du fait de cette concurrence déloyale.
A l’image de la privatisation d’EDF et des autoroutes, une augmentation substantielle des prix des billets et des abonnements, l’exemple anglais l’illustre parfaitement. En effet, le prix des billets actuels a augmenté de 27 % depuis 2010, ce qui représente 14 % du revenu moyen mensuel d’un Britannique, soit 6 fois plus que les Français.
L’Etat est responsable de l’énorme endettement de l’entreprise publique via ses exigences de développement du réseau ferroviaire, notamment à grande vitesse à partir de la fin des années 2000 .
En 2017, la dette totale de la SNCF a atteint 47 milliards d’euros pour le gestionnaire des infrastructures ferroviaires françaises et 8 milliards d’endettement de SNCF Mobilités (entité regroupant les activités de transport de voyageurs) contre une dette de 37 milliards en 2013. Sans compter la dégradation des rails de trains de banlieues et des TER, sans compter les retards… et les graves accidents historiques qui ont endeuillé notre pays.
PDG responsable de ce bilan catastrophique, il est incompréhensible que le gouvernement continue à protéger Guillaume Pepy qui aurait dû être démissionné tant sa gestion est déplorable. Il est tout aussi consternant de voir Elisabeth Borne, la ministre des Transports, faire la leçon au monde entier sur la bonne gestion de la SNCF alors qu’elle en a été la directrice stratégique avec le succès que l’on connait !
Debout la France est pour une réforme de la SNCF pour que ce service public soit mieux et bien géré dans l’intérêt général mais en aucun cas à une reforme bruxelloise sauce Macron qui est une destruction d’un bien commun avec en ligne de fond la destruction du pays.
Mohamed Diakhité
Délégué National aux Services Publics