Cher Laurent Wauquiez,
Ce week-end, les paroles que vous avez tenues en privé ont fait l’actualité tout un week-end et ont suscité de violentes polémiques tant elles révèlent au delà de la forme qui a pu choquer, les contradictions dans lesquelles vous vous êtes enfermé.
Bien sûr, vous enregistrer à votre insu n’est pas déontologique mais cette polémique n’aurait eu aucune portée si ces propos ne touchaient pas le cœur du mal qui ronge notre démocratie : l’insincérité et la duplicité des dirigeants politiques.
Nos concitoyens ne supportent plus les hommes et femmes politiques qui, comme vous l’avouez, racontent du « bullshit » sur les différents plateaux médiatiques. Ils attendent et exigent à juste titre de la sincérité et de la cohérence entre les paroles et les actes.
Si vous avez vous-même éprouvé le besoin de dire votre vérité aux étudiants de cette école de commerce, c’est que vous en ressentiez l’urgente nécessité, tant votre numéro d’équilibriste, à la tête du parti Les Républicains, montre aujourd’hui toutes ses limites.
En effet, depuis des mois, vous reprenez les thématiques que je n’ai cessé de porter avec mes amis de Debout la France notamment sur l’Europe, la Nation, l’immigration, la sécurité.
Et je m’en réjouis.
L’évolution de votre discours rompt en paroles avec la politique menée par l’UMP au gouvernement. La soumission à l’Union Européenne et à la mondialisation sauvage a appauvri les classes moyennes, abandonné nos frontières face à l’immigration, désarmé la France face à l’islamisme.
Hélas dans les actes, vous continuez à soutenir l’union avec le centre et vous n’avez pas hésité à condamner ceux qui comme moi ont montré par leur parcours la sincérité de leurs convictions, et ont voulu unir tous les patriotes.
En créant l’UMP/Les Républicains, je savais que notre famille politique allait abandonner aux centristes tous les idéaux gaullistes, ce lien charnel avec les territoires et le peuple français. Inspiré par Charles Pasqua, je savais pourtant que « l’UDF avait les élus mais le RPR les électeurs ! »
J’avais été l’un des rares à prévenir du danger de nier l’histoire politique de notre pays en rassemblant en un seul mouvement des centristes fédéralistes européens et des gaullistes attachés à la souveraineté nationale.
Les trahisons n’ont pas tardé à venir puisqu’en 2007, le gouvernement auquel vous apparteniez, a renié le vote des Français en 2005, bafoué par l’adoption du Traité de Lisbonne. J’ai alors décidé de quitter l’UMP pour être en cohérence avec mes convictions.
Or, vous continuez à faire vivre ce double langage ; Vous dirigez la région Rhône-Alpes-Auvergne avec le Modem, qui a soutenu, depuis l’élection présidentielle, Emmanuel Macron ; Des milliers de collectivités territoriales dirigées par les Républicains vous imitent. Dans les Hauts de France, Xavier Bertrand est toujours soutenu par la majorité LR, de même M. Juppé à Bordeaux qui soutient toutes les initiatives de M. Macron visant à dissoudre la France dans l’Union Européenne. Lors des prochaines législatives partielles, vous vous êtes allié à l’UDI dans le Loiret, parti qui soutient La République en Marche dans une autre circonscription, celle de la Haute-Garonne !
Bref, comme disait une adversaire politique qui avait compris que les ambiguïtés de François Hollande laissaient présager une politique calamiteuse et mensongère : « là où c’est flou, il y a un loup ! »
M. Wauquiez, vous le savez bien au fond de vous même, vous ne pouvez plus vous dérober.
L’heure de vérité approche.
La victoire d’Emmanuel Macron en mai dernier a rebattu toutes les cartes et a accéléré la recomposition de la vie politique française.
En regroupant les européistes et mondialistes qui ont échoué depuis trente ans, il n’a fait qu’acter le nouveau clivage qui structure désormais cette vie politique.
Ce qui devait arriver arrive : votre parti continue de se fracturer en deux. D’un côté, les européistes qui vont s’orienter naturellement vers M. Macron. Ces zélotes d’une mondialisation qui n’est « heureuse » que pour eux continueront à nous insulter tant leur monde est en train de s’effondrer.
De l’autre, les patriotes et gaullistes, qui comprennent la colère du peuple et savent bien au fond d’eux-mêmes qu’il faut changer de politique.
Votre aveuglement finira par devenir de la lâcheté et vous serez l’assurance-vie de M. Macron pour rester au pouvoir en condamnant les Français à un duel mortifère Macron – Mélenchon.
C’est pourtant l’occasion historique de recomposition de la droite, et au-delà de cela, de tous les patriotes.
Si vous croyez vraiment à ce que vous avez dit devant les étudiants, et je n’ai pas de raison d’en douter tant vous aviez l’air sincère, alors pourquoi le dire en secret ?
Franchissez le Rubicon et tournez-vous vers les gaullistes et patriotes qui veulent une grande union autour de nos valeurs communes afin de proposer un projet alternatif, plus sérieux et plus audacieux, capable de redresser notre pays.
De nombreux adhérents LR ont déjà rejoint Debout la France et plaident d’ailleurs pour cette large union de tous les “Amoureux de la France”.
Ecoutez la base de vos militants et refusez le diktat des cadres centristes qui vous entourent.
Les Français ne comprennent pas vos atermoiements.
L’heure n’est plus aux querelles d’egos mais à l’intérêt de la France.
Je persiste à tendre la main à tous ceux qui pourraient se retrouver sur un programme de salut public avec des propositions fortes comme faire respecter une France libre et indépendante dans une Europe des nations forte, protéger les Français face à l’insécurité du quotidien et au terrorisme islamiste, lutter contre l’immigration massive et affirmer notre modèle d’assimilation ou encore récompenser le travail, l’initiative et les talents.
« Face à l’événement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère. » disait le Général de Gaulle.
Soyons à la hauteur de l’Histoire.
Nicolas Dupont-Aignan