Chers policiers, chers gendarmes,
Le nombre de suicides dans la police nationale et la gendarmerie nationale est une véritable spirale infernale. A ce jour, 46 policiers et 16 gendarmes ont mis fin à leurs jours.
Ces chiffres sont terrifiants, et malheureusement, ne cessent de progresser d’année en année.
Là où beaucoup de responsables politiques vous ignorent, voire vous menacent, vous pourrez toujours compter sur mon soutien et ma disponibilité.
Vous êtes les mieux placés pour faire l’état des lieux du mal être au sein de votre profession.
Vous qui êtes 24/24 sur le terrain, au service des Français, à gérer la souffrance des autres, et à l’ajouter souvent à la vôtre.
Un suicide par semaine chaque année en moyenne.
Ce chiffre ne semble pas émouvoir outre mesure certains de nos responsables si j’en crois quelques interviews récentes.
Pourtant, 1 suicide par an serait déjà un de trop à mes yeux.
A chaque nouveau suicide dans la police ou la gendarmerie, la première réaction des responsables est de tenter de rejeter la faute de l’acte fatal sur une autre cause que la fonction occupée : « Son geste serait dû à des difficultés personnelles », « Ce geste serait sans rapport avec sa fonction ».
Faut-il être stupide pour énoncer de telles choses ?
En effet, le suicide n’est jamais la résultante d’une seule et unique cause mais bien de la superposition de situations traumatisantes enfermant l’être humain dans une situation de désespoir profond dont la seule issue est, selon lui, le suicide.
S’arrêter à la dernière strate de ces problèmes successifs est de la mauvaise foi ou de la bêtise. Surtout que le métier de policier, de gendarme, qui demande un engagement total est parfois la cause des autres problèmes qui mènent à l’acte final (par exemple : la disponibilité exigée pour le travail peut amener une indisponibilité pour la famille qui peut entraîner un divorce, l’éloignement des enfants, des difficultés financières, etc…)
Un constat de l’INSERM démontre d’ailleurs que le taux de suicide dans la police est supérieur de 36 % à celui du reste de la population.
Sans dire que votre métier est la cause principale de tous les suicides, elle y contribue forcément, surtout depuis quelques années car vos missions ont changé.
La politique du chiffre, les statistiques, l’administratif, la gestion managériale, l’alourdissement de lanprocédure pénale au profit des délinquants, ont modifié le travail des policiers et des gendarmes.
Les fonctionnaires qui se sont engagés par amour du service public et pour défendre leurs concitoyens contre les prédateurs sociopathes, ne s’y retrouvent plus.
En faisant simplement votre travail, vous êtes parfois plus sévèrement punis des moindres conséquences d’une intervention mal maîtrisée, que les délinquants de métier.
Cela va même au-delà, puisque vous ne semblez guère avoir les mêmes droits que les autres citoyens : «Présomption d’innocence, droit de réponse, etc… ».
De nombreuses affaires au cours de ces dernières années ont démontré que les responsables politiques de tous bords, achetaient volontiers la paix sociale avec le « sang » des policiers.
Comment ne pas être ulcéré et désespéré devant de telles injustices ?
Ces situations faisaient dire au magistrat et ancien Commissaire H.Vlamynck : « De nos jours, vous êtes davantage en danger juridiquement que physiquement. » Cette citation était vraie avant 2015.
De nos jours, vous avez de multiples épées de Damoclès au-dessus de la tête.
Contraints d’en faire plus avec moins de moyens et d’effectif, vous êtes condamnés à espérer que tout se passe bien. De nos jours, les policiers et les gendarmes sont dans une insécurité permanente, nerveusement très usante.
Les terroristes ou « déséquilibrés » (autre terme utilisé) peuvent frapper n’importe lequel d’entre vous et n’importe quand.
Les situations imprévues, imprévisibles et difficilement maîtrisables que vous rencontrez jours et nuits, risquent à tout instant de vous jeter au centre d’un tourbillon administrativo-médiatico-politicojudiciaire qui ne pourra que vous broyer.
Les policiers de terrain sont inconsciemment en stress permanent.
Soufflant à chaque fin de vacation en murmurant : « Tout s’est bien passé. »
Il faut ajouter à ce stress permanent les images et scènes choquantes, inhumaines, violentes, etc…auxquelles chacun d’entre vous doit faire face et devant lesquelles vous ne pouvez vous dérober, pour éviter aux autres citoyens d’avoir à les connaître.
Tout devient de plus en plus difficile à supporter.
La logique voudrait que la hiérarchie immédiate et plus lointaine jusqu’au sommet de l’État tente d’alléger ce poids en soutenant les effectifs, en allégeant le fardeau par un véritable intérêt bienveillant, une volonté d’améliorer le quotidien. Mais là encore, les missions ne sont plus les mêmes.
L’être humain n’est plus au centre des attentions. Vous avez le sentiment d’être des matricules interchangeables au gré des besoins, sans considération pour la vie de famille. « Si les horaires ne vous conviennent pas et que vous voulez passer du temps avec vos familles, vous n’avez qu’à travailler à la poste » certains ont pu s’entendre dire lors de discussions sur les changements d’horaires.
Il y aurait beaucoup d’autres sujets à aborder pour expliquer la recrudescence des suicides dans la police et la gendarmerie, beaucoup d’exemples que vous pourriez me fournir.
Georges Meredith disait : « Le manque de courage n’est qu’un manque de bon sens ».
Vous êtes les garants de notre liberté et votre courage est remarquable contrairement à tous ceux qui nous gouvernent depuis des décennies. Ils ont manqué de bon sens et n’ont fait qu’aggraver vos conditions de travail, poussant nombre de vos collègues à mettre fin à leurs jours.
Vous êtes de plus en plus nombreux à me solliciter et à m’envoyer vos témoignages par l’intermédiaire d’organisations ou d’associations, telles que l’UPNI, et je tiens sincèrement à vous en remercier.
C’est pour cela qu’avec l’équipe qui m’entoure, composée d’Eric Stemmelen et Michaël Taverne, nous avons bâti un programme complet avec des mesures capables de vous donner les moyens de travailler et vous accordez la reconnaissance que vous méritez , parmi lesquelles:
– Le recrutement de 10 000 policiers et gendarmes pour compenser les baisses d’effectifs durant les quinquennats Sarkozy et Hollande
– Le renforcement et la modernisation de vos moyens matériels capables de faire face aux agressions dont vous êtes victimes, tout en y ajoutant la formation que vous ne cessez de demander :
– L’engagement d’un plan Marshall de rénovation des commissariats dont certains sont dans un état lamentable et la dotation d’un parc informatique ultra-moderne
– L’adaptation au niveau local des heures de travail des policiers et gendarmes, et mettre en place un cycle de travail permettant d’associer vie privée et vie professionnelle
– Le paiement des heures supplémentaires et ainsi gagner en pouvoir d’achat
Sachez que tout comme mon équipe, je suis disponible, volontaire pour vous rencontrer et répondre aux questions que vous pourriez vous poser.
Notre objectif commun est de reconstruire un Etat à la fois respectueux et humain.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France